Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

Fonte des glaces et effet domino : voici pourquoi sauver les glaciers nous concerne aussi

Publié le 10.11.2023 - Article de Lise Ouangari du 08/11/2023 sur Ouest-France
Groenland, Antarctique, banquises, glaciers de montagne… Les glaces subissent de plein fouet le réchauffement climatique, se réchauffant plus vite que dans le reste du monde. Notre avenir est pourtant intrinsèquement lié à ces glaciers, alors que la communauté scientifique se réunit au One Planet Polar Summit, qui débute ce mercredi 8 novembre à Paris

Quel peut être le lien entre le gel précoce de cultures, le refroidissement des centrales nucléaires, le recul du littoral français, ou encore la tempête de froid glacial américaine de 2022 ? Tous ces phénomènes peuvent être liés, de près ou de loin, à la fonte des glaces. « Les glaciers sont comme une espèce de clé de voûte. Comme les abeilles, si on les enlève, tout le système change complètement », relève Jean-Baptiste Bosson, glaciologue au Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie. Aux côtés de nombre de scientifiques, il défendra l’avenir des glaciers et des pôles au sommet « One Planet – Polar Summit », qui débute ce mercredi 8 novembre 2023 à Paris.

Les glaciers, les calottes polaires – le Groenland et l’Antarctique -, les banquises subissent de plein fouet le réchauffement climatique. Les Alpes françaises par exemple se réchauffent deux fois plus vite que le reste du territoire, de même qu’en 40 ans, la banquise arctique a perdu 40 % de sa surface. L’urgence est là. Mais si l’image de l’ours sur sa banquise reste associée à la fonte des glaces, il serait mal avisé de négliger l’impact de ce phénomène sur le quotidien de chacun. « Notre quotidien et notre avenir dépendent de la santé des glaces », répète ainsi inlassablement la glaciologue Heïdi Sevestre, autrice de Sentinelle du climat (Harper Collins).

Des climatiseurs en péril

La surface blanche des glaciers, de la banquise et des calottes polaires renvoie les rayons du soleil vers l’espace, permettant de maintenir les pôles et les régions froides, comme un « climatiseur », explique Heïdi Sevestre. « La banquise de l’Arctique agit comme un miroir qui renvoie une partie de la chaleur du soleil. Si on n’a pas cette couverture blanche, on a un océan de couleur très foncée qui, lui, est très efficace pour absorber le rayonnement solaire ». Lorsque les glaciers fondent, ils laissent aussi place aux surfaces plus sombres des roches et des terres. Ces surfaces absorbent alors beaucoup plus de chaleur, contribuant d’autant plus au réchauffement des zones environnantes. « C’est un cercle vicieux », décrit la glaciologue, qui rappelle que « pour arrêter que les glaciers fondent, il faut arrêter de brûler des énergies fossiles », car « un kilo de CO2 émis, c’est quinze kilos de glace fondue ».

À cela, s’ajoute la pollution de l’air qui « se dépose sur la neige et la glace, et assombrit ces surfaces, généralement très propres et très claires. Comme le miroir de la banquise, plus ces surfaces sont salies, plus elles vont elles-mêmes absorber les rayonnements solaires », ajoute-t-elle.

Le dégel du permafrost (le sol gelé), qui recouvre un quart de l’hémisphère nord, relâche aussi des quantités énormes de gaz à effet de serre, contribuant au réchauffement climatique et catalysant le réchauffement des zones polaires.

Des phénomènes extrêmes plus fréquents et intenses

La fonte des glaces déstabilise également le climat, alertent des scientifiques. « Plus la banquise de l’Arctique disparaît, plus on risque d’avoir des événements météorologiques extrêmes chez nous, tels que des gels précoces, des périodes de sécheresse très intenses ou au contraire des précipitations très intenses », poursuit Heïdi Sevestre. C’est lié aux vents. Le courant – jet-stream – qui circule à la surface de la Terre d’est en ouest se forme par la rencontre d’air froid venant des pôles et d’air chaud venant de l’équateur et des tropiques. Or, avec le réchauffement des pôles, l’écart de température entre ces courants d’air chaud et froid se réduit, affaiblissant la force de ces vents. « Ce courant, habituellement bien tendu, ralentit, et un peu comme une rivière qui ralentit, va faire des méandres », explique Heïdi Sevestre, soulignant que l’Arctique se réchauffe« trois à quatre fois plus vite que le reste de la planète ». Ces masses d’airs qui sont habituellement poussées par le jet-stream vont alors rester piégées dans ces boucles, générant des phénomènes météo extrêmes…

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