Recherches Arctiques

Actualités de la recherche scientifique
ISSN : 2755-3755

Gerhard Krinner : “En Arctique, de grands enjeux internationaux se déploient”

Publié le 30.06.2022 - Article de Joséphine Maunier du 24/06/2022 sur WE DEMAIN (interview de Gerhard Krinner, CNRS)
Gerhard Krinner, climatologue et co-auteur du 6ème rapport d’évaluation du GIEC, prendra part aux expéditions à bord de la Tara Polar Station, une station polaire à la dérive déployée dès 2025 sur l’océan Arctique. Retour sur les enjeux autour du dérèglement climatique de ce territoire unique

Un froid polaire, de la glace à perte de vue et des espèces endémiques emblématiques. L’océan Arctique, situé aux confins de l’hémisphère Nord, est une source de mystère sans fin. Pourtant, les scientifiques espèrent y faire de nombreuses découvertes dans les prochaines années. Mais, bien que difficilement accessible et méconnu du grand public, il suscite la convoitise des pays voisins.

WE DEMAIN a pu interroger Gerhard Krinner, climatologue, directeur de recherche au CNRS et expert du GIEC. Le scientifique de renom prendra part à l’une des expéditions à bord de la Tara Polar Station, la station polaire à la dérive imaginée par la Fondation Tara Océan. En attendant de pouvoir y étudier les causes, effets et conséquences du dérèglement climatique, le climatologue revient sur l’importance de cet écosystème hostile, mais non moins prodigieux.

WE DEMAIN : L’océan Arctique est-il le grand oublié des océans ?

Gerhard Krinner : Les océans couvrent 71 % de la surface du globe et l’océan Arctique est relativement petit donc de ce point de vue là, ce n’est pas forcément étonnant que quand on parle de l’océan de façon générale, l’Arctique n’en représente qu’une petite partie. Pourtant, depuis très longtemps déjà, on sait que c’est un des hotspots du changement climatique. Sur les 50 dernières années, il s’est réchauffé deux fois plus vite que la moyenne globale. C’est là que le dérèglement va être le plus intense, et c’est aussi en Arctique que les bouleversements dans la biologie vont être particulièrement forts.

Ce qui est problématique c’est que, tout comme l’Antarctique, cette région du monde est très difficile d’accès. Donc la quantité de données qui existe est évidemment beaucoup plus faible que dans des zones comme la Méditerranée ou l’océan Atlantique.

Outre ce manque de données, comment expliquer la méconnaissance du grand public sur les enjeux de l’Arctique ?

L’éloignement de cet écosystème et le manque de données qui existent expliquent que l’Arctique soit plus en retrait que d’autres océans. Les enjeux pour le grand public n’y sont pas les mêmes. Il n’y a pas de pêche par exemple. En termes de ressources et d’exploitation, ce n’est pas là qu’il y a – pour l’instant – des intérêts économiques immédiats.

Il n’empêche qu’en Arctique il y a de grands enjeux internationaux qui se déploient. Notamment entre la Russie et les autres pays qui y ont plus facilement accès. Il y a quand même une course à la banquise. On se souvient du drapeau planté en 2007 par la Russie sous le pôle Nord, à 4 261 mètres de profondeur. Si l’Arctique est oublié du grand public, je ne pense pas que ce soit le cas pour les puissances riveraines…

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