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ISSN : 2755-3755

Groenland : la calotte glaciaire a dejà fondu au moins une fois au cours du dernier million d’années

Publié le 26.03.2021 - Article du 23/03/2021 sur le site de la Délégation régionale Centre-Est du CNRS
L’analyse récente de sédiments prélevés sous la base militaire secrète de Camp Century renforce notre compréhension de la stabilité de la calotte glaciaire du Groenland face aux changements climatiques. Ces nouvelles données indiquent que la calotte groenlandaise a déjà disparu au moins une fois au cours du dernier million d’années, sous un climat à peine plus chaud que l’actuel

Pierre-Henri Blard, chercheur CNRS au CRPG et Jean-Louis Tison, professeur au Laboratoire de glaciologie de l’ULB, ont eu un rôle charnière dans cette étude internationale. Ils sont co-auteurs de l’article qui en présente les résultats, publié le 15 mars 2021 dans le prestigieux journal Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

En 1966, en pleine guerre froide, des scientifiques de l’armée américaine, en collaboration avec des chercheurs danois, ont perforé la glace du nord-ouest du Groenland (au niveau de la base secrète de Camp Century, à proximité de la base de Thulé) sur 1390 m, et en ont extrait un peu plus de 3 mètres de carotte de sédiments sous-glaciaires (moraine). Ensuite, ces sédiments congelés à -30°C ont été transféré à Copenhague en 1994 avant d’être littéralement oubliés. En 2017, à l’occasion d’un déménagement vers un nouvel entrepôt frigorifique, les échantillons de sédiments ont été accidentellement exhumés.

En 2019, deux échantillons de ces sédiments ont été étudiés par une équipe internationale Etats-Unis-Europe (Danemark, Belgique, France), et les chercheurs ont été très surpris de découvrir des restes racines et des feuilles dans la matrice de sable et de roche. L’état de conservation de ce matériel et des études multiparamétriques de ces échantillons suggèrent que la glace a abandonné le site de Camp Century dans un passé géologique proche et qu’un paysage végétal, peut-être même une forêt boréale, existait sous cette zone aujourd’hui envahie par une calotte glaciaire de plus d’un kilomètre d’épaisseur.

Au cours de la dernière année, Andrew Christ et une équipe internationale de scientifiques – menés par Paul Bierman (University of Wellington, Vermont) aux Etats-Unis et Dorthe Dahl-Jensen (Niels Bohr Institute, Danemark), Jean-Louis Tison et Pierre-Henri Blard, en Europe, ont étudié cette archive unique de sédiments du Groenland sous glaciaires avec ses fossiles de plantes.

Leurs analyses montrent que la majorité du Groenland, a été couvert de glace la plupart du temps au cours du dernier million d’années, à l’exception d’un ou deux épisodes plus chauds pendant lesquels la calotte a pu fondre partiellement, probablement il y a 400 000 ans, et qu’elle a fondu quasi-totalement il y a 1 million d’années. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont mesuré les nucléides cosmogéniques 10Be et 26Al dans ces sédiments sous glaciaires. Ce sont des isotopes rares qui ont la particularité d’être produits par les particules cosmiques, mais uniquement quand la roche est exposée à la surface, en l’absence de glace. Quand la calotte de glace est en place, elle joue un rôle d’écran aux particules cosmiques, et le rapport 26Al/10Be décroit par radioactivité. L’analyse de ce rapport permet donc de dater la durée de l’enfouissement sous glaciaire…

Lire la suite sur le site de la Délégation Centre-Est du CNRS, dans la rubrique « Résultats scientifiques Terre et Univers »

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