Hécatombe d’animaux, eau jaunâtre, odeur toxique : qui empoisonne l’océan au Kamtchatka ?
Carcasses de pieuvres géantes, de poulpes, de phoques, d’oursins ou de poissons… le sable volcanique noir de la plage de Khalaktyrsky est désormais jonché de cadavres de faune marine, venue des eaux profondes du Pacifique ou de sa surface. Les vagues, très prisées des surfeurs, ont une odeur toxique.
Greenpeace craint « une catastrophe écologique » dans cette région longtemps coupée du monde en raison de la présence d’infrastructures militaires soviétiques. Sur place, les locaux parlent d’empoisonnement. « Ils n’ont jamais assisté à un tel désastre », assure au Parisien Vladimir Chuprov, environnementaliste à Greenpeace Russie…
… Une expédition de Greenpeace
Les autorités locales ont commencé par nier tout problème environnemental. Elles ont d’abord publié sur Instagram des images d’une plage ensoleillée. « La couleur de l’eau est normale, l’odeur de l’air est normale, la plage est parfaitement propre », ont-elles affirmé, provoquant un tollé.
« Comment pouvez-vous écrire cela ? » s’est agacé un internaute. « Nous étions à l’océan aujourd’hui, il y avait 4 adultes et 2 enfants. Après dix minutes, ils avaient tous une terrible irritation, une sensation de brûlure dans la gorge et une toux. Jusqu’à présent, la toux n’a pas disparu. L’eau mousseuse a une teinte jaunâtre ».
Le 4 octobre, l’équipe de Greenpeace Russie est partie en expédition. « Nous avons observé une mousse jaunâtre à la surface de l’océan à divers endroits. En plus de cela, l’eau elle-même est opaque. Nous avons trouvé des animaux morts », a confirmé Vasily Yablokov, responsable du projet climatique Greenpeace Russie. « La pollution se trouve non seulement en surface, mais aussi en profondeur. Elle se déplace le long de la côte ».
Les autorités ont finalement reconnu les événements et promis une enquête. Après de premières analyses, elles ont indiqué qu’il y avait « quatre fois plus de produits pétroliers et 2,5 fois plus de phénol » dans l’eau que les normes autorisées.
Les autorités n’excluent pas une origine « naturelle »
Le ministre russe de l’Ecologie, Dmitri Kobylkine, a pour sa part assuré lundi qu’aucun niveau excessif de produits pétroliers ou chimiques n’avait été détecté dans les échantillons analysés. Il a évoqué la possibilité d’un phénomène « d’origine naturelle », causé par les tempêtes observées récemment dans la région.
Les experts du WWF affirment à l’inverse qu’il est « hautement improbable que la vie marine soit morte à cause d’une tempête ». Ils récusent également la théorie « d’un déversement de pétrole »…
… Rivière contaminée ?
Des scientifiques interrogés par le journal Novaïa Gazeta et l’agence de presse publique RIA Novosti avancent l’hypothèse d’une fuite de carburant de fusée extrêmement toxique, l’heptyle, provenant peut-être d’une installation militaire.
« Nous vérifions également cette source potentielle », nous indique Vladimir Chuprov, de Greenpeace Russie. « Il est encore tôt pour affirmer quoique ce soit. Dans quelques jours, nous pourrons présenter notre version ».
Une autre explication potentielle est envisagée : celle de la contamination d’une rivière située à proximité d’une décharge de produits chimiques et qui se jette dans l’océan. Des chercheurs cités par les autorités ont indiqué avoir observé des phénomènes inhabituels à l’embouchure de ce cours d’eau.
Lire l’article dans son intégralité sur Le Parisien
Voir aussi l’article du 08/10/2020 paru sur Paris Match (par la Rédaction, avec AFP)