Inquiétudes sur l’envolée du trafic maritime en Arctique
A quelques jours de l’ouverture du « One Planet Polar Summit 2023 », certains responsables du Conseil de l’Arctique tirent la sonnette d’alarme. Un nombre croissant de navires croisent en effet dans cette partie du monde, explique Radio Canada en reprenant des informations de l’agence The Canadian Press. Et de citer les données d’un groupe de travail du Conseil de l’Arctique, estimant que le nombre de bateaux qui ont traversé l’Arctique canadien « a grimpé de 35 % » entre 2016 et 2022. Pas moins de 212 navires auraient ainsi navigué l’an passé dans cette partie du monde, selon ce groupe de travail, cité par Radio Canada.
Le trafic s’est envolé en l’espace de quelques années seulement. Le Scott Polar Institute, qui dépend de l’université britannique de Cambridge, a calculé que, depuis 1906, année de la première traversée complète de cette voie maritime par le « Gija » de Roald Amundsen, il n’y a eu que 393 traversées totales du passage du Nord-Ouest.
Un problème de nombre et de taille
Selon Radio Canada, l’augmentation concerne toutes les catégories de navires, cargos, paquebots et autres bâtiments d’exploration. « Même le nombre de bateaux de plaisance augmente rapidement. Les gens sont emballés à l’idée de traverser le passage du Nord-Ouest. Dans mon milieu, plusieurs scientifiques qui auraient voulu travailler dans l’Arctique russe veulent maintenant travailler ici. Il y aura davantage de bateaux scientifiques » à l’avenir, souligne Jackie Dawson, membre de la chaire de recherche du Canada sur les dimensions humaines et politiques des changements climatiques. Et, de fait, en 2022, 13 navires de recherches se sont retrouvés dans les eaux du passage du Nord-Ouest, contre 4 en 2016.
Le problème ne se limite pas au seul nombre de navires. « La saison de navigation s’allonge et les bateaux sont de plus en plus gros », explique Hjalti Hreinsson, un gestionnaire du Conseil de l’Arctique, cité par The Canadian Press. Une remarque qui concerne plus particulièrement les navires de croisière, qui sont souvent les plus gros. En cause, le changement climatique bien sûr, qui rend ce passage plus facilement navigable. Mais, souligne encore Radio Canada, « la guerre en Ukraine et une plus grande exploitation des ressources du Nord ont mené des cargos, des paquebots et des bateaux d’aventuriers à naviguer dans cette voie jadis cartographiée par l’explorateur norvégien Roald Amundsen ».
Un effet sur l’environnement déjà perceptible
D’ores et déjà, les retombées environnementales de cette fréquentation sont sensibles sur la faune et la vie des populations autochtones. A Pond Inlet, troisième ville du territoire autonome du Nunavut, « les résidents partaient à la chasse aux narvals pendant un jour ou deux. Aujourd’hui, ils doivent attendre cinq ou six jours avant même d’apercevoir un narval », raconte ainsi à Radio Canada Michael Wenger, le chef de la direction du « Polar Journal AG ». Car ces animaux, comme les bélugas ou les baleines boréales, « fuient les bruits de moteur ».
Autre problème qui inquiète les scientifiques tout comme la population environnante, ainsi que les armateurs : dans cette partie du monde, « il y a un manque total d’infrastructures […] et si un accident survient, aucune aide immédiate n’est disponible » explique la chercheuse Jackie Dawson. En clair, détaille Radio Canada, « si un bateau tombe en panne ou subit un accident, les petits villages côtiers ne sont pas équipés pour accueillir une armée de secouristes ou pour servir de base à une opération de nettoyage »…
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