La calotte glaciaire du Groenland a dépassé le point de non-retour
Depuis plusieurs décennies, les calottes polaires du Groenland perdent de la masse à un rythme accéléré. En cause : le réchauffement de l’atmosphère et de l’océan. Une étude publiée en 2019 témoignait d’ailleurs de l’ampleur du phénomène. Dans leur papier, les scientifiques avaient en effet avancé le chiffre de 600 milliards de tonnes de glace perdue en un été, une quantité suffisante pour faire monter le niveau moyen des mers de 2,2 mm.
Déséquilibre
Une nouvelle étude, publiée dans Nature Communications (Earth and Environment), souligne que les glaciers du Groenland ont franchi un dangereux point de basculement. D’après les chercheurs, la neige censée reconstituer la calotte glaciaire chaque année ne permet plus de combler la perte de glace écoulée dans l’océan.
Pour en arriver à ces conclusions, Michalea King et son équipe, du Byrd Polar and Climate Research Center de l’Université d’État de l’Ohio, ont analysé près de quarante années de données satellitaires permettant de suivre, tous les mois, l’évolution de plus de 200 grands glaciers du Groenland.
Les chercheurs ont découvert que dans les années 80 et 90, les calottes glaciaires perdaient en moyenne 450 gigatonnes (environ 450 milliards de tonnes) de glace chaque année. En revanche durant cette période, les chutes de neige permettaient de combler cette perte de glace.
L’analyse a ensuite révélé que la quantité de glace perdue chaque année avait commencé à augmenter régulièrement à partir des années 2000. Depuis, les glaciers perdent environ 500 gigatonnes de glace chaque année. Or, les chutes de neige sont quant à elles restées constantes. Depuis deux décennies environ, ce déséquilibre ne permet donc plus de reconstituer les stocks de glace.
Point de non-retour
D’après les chercheurs, les grands glaciers du Groenland ont reculé d’environ trois kilomètres en moyenne depuis 1985. Certains ont d’ailleurs tellement rétréci qu’ils se retrouvent désormais dans des eaux plus profondes et plus chaudes. Davantage exposés, ces glaciers seront dont amenés à fondre davantage. Et tous nos efforts n’y pourront rien.
En effet, les chercheurs soulignent que même si nous étions miraculeusement capables de stopper le changement climatique dans son élan, la glace perdue par les glaciers serait désormais toujours plus importante que l’accumulation de neige. Autrement dit, ces glaciers continueront à rétrécir quoiqu’il arrive. Concrètement, ils sont d’ores et déjà condamnés…
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Voir aussi l’article de Fleur Brosseau du 17/08/2020 sur Trust My Science, l’article du 17/08/2020 paru sur La Nouvelle République (avec AFP), ainsi que l’article paru le 18/08/2020 sur L’Express