Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

La Chine et les régions polaires (5/7) : Pékin, un interlocuteur fiable pour le climat en Arctique ?

Publié le 10.08.2020 - Article d'Alexiane Lerouge du 24/07/2020 sur AsiaLyst
L’Arctique, premier témoin du changement climatique mondial, connaît de nouveau cette année des records de chaleur inquiétants. Dans ce contexte, l’engouement d’un acteur émergent comme la Chine pour les atouts industriels et commerciaux de la région pose la question de son engagement pour la protection de l’environnement du Grand Nord

En posant le pied en Alaska, le 2 septembre 2015, Barack Obama effectuait la première visite d’un territoire arctique par un président américain en fonction. Il venait y constater les effets du réchauffement climatique. Le même jour, le Pentagone signalait la présence, au large des côtes de l’État américain dans la mer de Béring, de cinq vaisseaux de l’Armée populaire de libération (APL). Cette incursion de la marine chinoise aux portes de l’Arctique avait été organisée à la veille d’une immense parade militaire à Pékin, le premier défilé du Jour de la Victoire en Chine. Washington fit peu de cas de cette provocation : l’APL ne faisait qu’utiliser le droit de passage inoffensif dans les eaux territoriales américaines pour faire étalage de sa puissance navale. Mais ce torpillage d’une campagne savamment médiatisée par la présidence américaine donna du grain à moudre à une foule d’adeptes de « l’orientalisme polaire ». De nombreux compte-rendus de l’époque lurent en effet l’événement comme une menace, préfigurant le comportement chinois à venir : malgré tous ses vœux pieux, deux ans après son accession au statut d’observateur permanent du Conseil de l’Arctique (CA), la Chine se préoccupait manifestement plus de montrer ses muscles dans la région que de la sauvegarde des glaciers d’Alaska.

La vigilance de rigueur à l’égard des intentions de Pékin en Arctique prend sa source dans une posture plus ancienne et nettement moins équivoque des officiels chinois. En 2010, le contre-amiral Yin Zhuo se permit une interprétation originale de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) concernant l’Arctique : selon lui, l’océan et ses opportunités commerciales appartenaient « aux peuples du monde », et la Chine devait y avoir accès au même titre que les pays riverains. Il fallut attendre trois ans après cette déclaration pour que le gouvernement chinois clarifie sa position en reconnaissant, en 2013, la souveraineté et la juridiction des huit États membres du Conseil de l’Arctique dans la région – condition sine qua non pour y accéder au statut d’observateur.

Dans le même temps, et tout au long des années 2010, la place de la Chine parmi les nations polaires s’est fortement affirmée. C’est en 2014 que le président Xi Jinping a pour la première fois déclaré publiquement l’intention de faire de son pays une « puissance polaire ». À la suite des sanctions occidentales décidées la même année contre la Russie, c’est vers Pékin que Moscou s’est tourné pour boucler le financement du plus grand complexe gazier construit sur du permafrost, à Sabetta. Peu à peu, la Chine a développé des relations bilatérales sur les affaires arctiques avec les huit États membres du CA et les flux de capitaux chinois dans la région se sont multipliés. Entre 2014 et 2017, le gouvernement chinois a publié une série de guides sur les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest, passés largement inaperçus du côté de l’Occident. C’est le 26 janvier 2018 qu’il a fait paraître, pour la toute première fois en anglais, un document stratégique sur le Grand Nord. Le « livre blanc » sur l’Arctique a clarifié beaucoup des intérêts de la Chine dans cette région. Il n’est cependant pas venu à bout des inquiétudes occidentales…

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