Guerre en Ukraine : La coopération avec la Russie demeure au Conseil de l’Arctique
Washington, lance d’emblée James P. DeHart, ne se berce d’aucune illusion à l’égard de Moscou. « Nous ne pouvons vraiment pas faire confiance à Vladimir Poutine », affirme sans détour ce haut diplomate responsable de coordonner l’action américaine dans la région arctique. « Il faut aussi regarder les affirmations faites par d’autres responsables russes. Quand l’ancien président [Dmitri] Medvedev dit que c’est correct de cadenasser les ambassades, que nous n’avons pas besoin de diplomatie et que nous pouvons nous regarder à travers des jumelles et des viseurs de fusil, ce n’est pas vraiment un message de confiance et de main tendue ».
Le Conseil de l’Arctique et ses membres, dont fait partie le Canada, empruntent une voie différente, pour l’instant.
Vendredi dernier, le forum de coopération internationale annonçait « la suspension de ses travaux jusqu’à nouvel ordre » dans un message laconique de 18 mots publié sur les réseaux sociaux. La surveillance et la prévision des impacts du réchauffement sur les peuples autochtones, sur l’océan et sur la biodiversité arctique se trouvent ainsi interrompues pour une durée indéterminée.
« Le Canada, le Royaume du Danemark, les États-Unis, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède condamnent l’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie », ajoutait Affaires mondiales Canada dans un communiqué, spécifiant vouloir se donner du temps pour évaluer comment « poursuivre les travaux importants du Conseil compte tenu des circonstances actuelles ».
Il est hors de question, pour le moment, d’exclure Moscou du Conseil. « La Russie s’étend sur à peu près la moitié de l’Arctique et comprend la moitié de ses habitants », indique James P. DeHart. « L’exclure ne serait pas optimal ».
« Toutes velléités de gouvernance dans la région arctique seraient un peu vaines sans la Russie », souligne Frédéric Lasserre. Spécialiste de la géopolitique de l’Arctique au Département de géographie de l’Université Laval, le professeur rappelle que déjà, en 2014, des appels à l’expulsion de Moscou avaient résonné. Or, précise-t-il, le Conseil de l’Arctique n’est pas le « Conseil de sécurité de l’Arctique. C’est une organisation non décisionnelle qui repose uniquement sur la collaboration »…
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