Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

La dégradation du pergélisol affecte les communautés de l’Arctique

Publié le 17.08.2023 - Article d'Emily Blake (La Presse canadienne) du 16/07/2023 sur La Presse
Sur le bord de la route, non loin de l’aéroport d’Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, parmi les arbustes et les épinettes, une série de barres de métal rouillées sont enfouies profondément dans le sol

Installées en 2004, elles aident les chercheurs à mesurer l’évolution du sol au fil du temps.

Jennifer Humphries, spécialiste du pergélisol à l’Institut de recherche Aurora, affirme que c’est le seul endroit au monde au sud de la limite des arbres qui étudie l’expansion et la contraction thermiques à long terme du sol liées aux changements annuels de la température de l’air. Elle dit que le sol gagne deux centimètres chaque année.

Derrière des nuées d’insectes bourdonnants, plusieurs arbres à proximité arborent des plates-formes métalliques attachées à leurs troncs minces, mesurant leurs changements d’inclinaison. Alors que le pergélisol se dégrade de manière inégale en dessous, Mme Humphries explique qu’il peut provoquer ce qu’on appelle des « forêts ivres », où les arbres décalés penchent dans des directions différentes.

C’est l’un des nombreux endroits du delta de Beaufort riche en glace où les scientifiques surveillent le pergélisol et d’autres changements environnementaux. Alors que l’Arctique se réchauffe plus rapidement que partout ailleurs dans le monde, les chercheurs constatent que la dégradation du pergélisol a des effets considérables.

« Ici, le pergélisol est la fondation sur laquelle tout est construit », explique Mme Humphries. « Il affecte le transport des personnes, des animaux, de l’eau et de l’environnement, le développement de la végétation. Il affecte et contrôle tout ».

Le Centre de recherche de l’Arctique de l’Ouest à Inuvik abrite le siège social de l’Institut de recherche Aurora et le centre d’information sur le pergélisol. Il soutient plusieurs projets de recherche, dont la surveillance du pergélisol le long des routes Dempster et Inuvik-Tuktoyaktuk.

Erica Hille, directrice par intérim du centre, affirme que son travail est collaboratif et axé sur la communauté, et que son équipe s’efforce de rendre toutes ses données accessibles. Par exemple, la Inuvik Community Corporation leur a demandé de surveiller la température du sol et de développer des cartes des dangers à Caribou Hills, près de Reindeer Station, où le Service géologique des Territoires du Nord-Ouest ont enregistré 25 glissements de terrain en octobre 2009 et 80 en septembre 2017.

« Les membres de la communauté savent ce qui se passe. Je nous vois converger pour comprendre pourquoi cela se produit et ce que cela pourrait signifier à l’avenir », dit-elle.

Construire en connaissance de cause

L’étude du pergélisol peut être complexe et difficile, souligne Mme Humphries. Bien que les chercheurs puissent faire des généralisations sur les conditions de base d’une région, chaque paysage de pergélisol est unique, ajoute-t-elle.

Sur le site près de l’aéroport, on retrouve une zone de transition entre la toundra et la forêt avec un manteau neigeux décent. Mme Humphries indique que les températures en profondeur à cet endroit sont de -0,9 °C, probablement plus chaudes que ce à quoi les gens s’attendraient.

« Cela nous indique que les conditions du pergélisol dans la région d’Inuvik sont en fait plus sensibles aux changements climatiques que les gens ne l’avaient probablement pensé il y a 20 ans », relève-t-elle…

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