La fonte de l’Arctique conduit-elle à des extrêmes météos plus fréquents à nos latitudes ?
Réchauffement de l’Arctique et météo aux latitudes tempérées
L’Arctique se réchauffe 2 à 3 fois plus vite que le reste du globe. On parle d’amplification arctique. Une caractéristique singulière qui avait été anticipée par les premières modélisations numériques annonçant un changement climatique. Les observations révèlent que ce signal a émergé de la variabilité naturelle dans les années 1990. Parallèlement, on a observé une augmentation du nombre d’événements météorologiques extrêmes aux latitudes moyennes boréales (canicules, vagues de froid, sécheresses…).
La question d’un lien de cause à effet entre l’amplification arctique et la météo des régions tempérées s’est donc posée. En particulier, le réchauffement différentiel entre pôle et tropiques provoque une réduction du gradient thermique latitudinal – du moins, en basse couche. Or, ce gradient est l’un des facteurs majeurs qui structurent la circulation atmosphérique. On a donc de bonnes raisons de penser que l’amplification arctique peut agir sur les régimes de temps et les extrêmes météorologiques.
Cette problématique est un domaine de recherche brûlant. Au fil des études, il s’est révélé beaucoup plus complexe que ce que les premiers travaux pouvaient laisser penser. Malgré les nombreux articles publiés, les points consensuels sont – pour l’heure – l’exception plutôt que la règle. Le moins que l’on puisse dire est qu’il reste du travail à faire pour comprendre.
La stratosphère comme médiateur ?
De nombreuses hypothèses ont été avancées quant à la manière dont l’amplification arctique pouvait impacter les latitudes tempérées. L’une d’elles fait intervenir la stratosphère et n’opère qu’en saison froide (de novembre à avril environ).
Elle stipule que localement, le recul de la banquise boréale favorise l’apparition d’un mode de circulation méridien en début d’hiver – i.e. des ondulations du jet. Ces dernières pourront ensuite se propager dans la haute atmosphère et déstructurer le vortex polaire. On parle de réchauffement stratosphérique soudain. Il tendra à en résulter une modification de la circulation atmosphérique jusqu’en surface entre le milieu d’hiver et le début du printemps. En particulier dans le secteur nord-atlantique…