La fonte de l’Arctique, une bombe à retardement pour la planète
Un des facteurs probables de l’accident est le dégel du pergélisol, appelé également permafrost (sol gelé en permanence qui couvre près de 25% des terres de l’arctique). Ce mélange de composé organique, de matière minérale et de glace s’enfonce jusqu’a plus d’un kilomètre de profondeur dans certaines zones de la Sibérie.
Le dégel de ce pergélisol fragilise les sols et menace, d’ici à 2050, jusqu’à 70% des infrastructures en Arctique, mais ce n’est pas le seul risque. Le danger est aussi bien environnemental que sanitaire car des méga-virus jusque-là endormis sous la glace pourraient bien se réveiller. « Avec l’industrialisation on fait d’énormes trous dans ce pergélisol. Donc il y a un lien possible entre les microbes qui existaient à l’époque de l’homme de Neandertal avec les microbes de notre époque. Ce lien a été réaffirmé par de récents travaux qui ont montré que des virus qui dataient d’environ 35 000 ans étaient encore capables d’infecter leurs hôtes » estime Jean Michel Claverie, Professeur de médecine à Marseille.
En 2016 l’anthrax, une maladie bactérienne disparue depuis 75 ans, a réapparu car un cadavre infecté conservé dans la glace a refait surface avec le dégel. Le pergélisol contient aussi des bactéries et virus que nous ne connaissons pas. On mesure alors le danger sanitaire, conséquence du réchauffement.
L’enjeu économique des nouvelles routes polaires
Le second problème est que l’Arctique est une zone à forts enjeux économiques. Les Etats ont compris l’intérêt qu’il y avait a exploiter les sous-sol. Mais aussi de profiter de la fonte des glaces pour naviguer par ces nouvelles routes polaires qui font gagner des jours de navigation.
Le développement de l’activité humaine dans cette région accentue le réchauffement climatique et ouvre une grosse boîte de Pandore. Et ce n’est pas le seul danger ! Ces sols gelés en permanence renferment le plus grand réservoir de mercure de la planète ! Le dégel pourrait bien en libérer une grande quantité qui, par les cours d’eau et l’atmosphère, pourraient affecter les écosystèmes à des milliers de kilomètres.
Le pergélisol renferme également 1 700 milliards de tonnes de CO2 piégés là depuis des millénaires sous forme de matière organique gelée. C’est deux fois plus que dans l’atmosphère ! Le réchauffement climatique accentue le dégel du pergélisol. Ce dégel dégage du CO2 et accélère à son tour le réchauffement climatique. On appelle ça une boucle de rétroaction positive. « Il y a beaucoup de composés organiques qui sont gelés et donc inactivés dans le pergélisol, profitant du dégel, les bactéries s’en nourrissent, augmentent le CO2 atmosphérique, et aggravent l’effet de serre. Il est donc urgent de limiter très rapidement nos émissions de gaz à effet de serre », affirme Florent Dominé, Directeur de recherche au CNRS. Faut-il croire à la folie ou la sagesse de l’humanité, la réponse se trouve dans l’Arctique et nous sommes tous concernés.
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