La fonte du permafrost, une menace climatique et sanitaire
Pergélisol en français, permafrost en anglais, ces sols gelés toute l’année recouvrent 25% des terres émergées de l’hémisphère nord, notamment en Russie, au Canada et en Alaska. Ils peuvent être composés de micro-lentilles de glace ou de grosses masses de glace pure, sur une épaisseur de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres. Ils renferment quelque 1.700 milliards de tonnes de carbone, soit environ le double du dioxyde de carbone (CO2) déjà présent dans l’atmosphère. Avec la hausse des températures, le permafrost se réchauffe et commence à fondre, libérant progressivement les gaz qu’elle neutralisait jusque-là. Et le phénomène devrait s’accélérer, selon les scientifiques.
Vers une accélération du réchauffement climatique
La fonte du permafrost hypothèque déjà l’objectif, énoncé par l’accord de Paris, de contenir le réchauffement climatique à moins de +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, selon une étude scientifique publiée en septembre 2018 dans Nature Geoscience. Ses auteurs décrivent un cercle vicieux : les gaz émis par le permafrost accélèrent le réchauffement, qui accélère la fonte du permafrost. D’ici à 2100, ce dernier pourrait, selon le scénario le moins noir, diminuer de 30% et libérer jusqu’à 160 milliards de tonnes de GES, alertait en 2015 la chercheuse Susan Natali, du Woods Hole Research Center.
Des virus oubliés pourraient être libérés
Outre ses effets climatiques, la fonte du permafrost, qui abrite des bactéries et virus parfois oubliés, représente aussi une menace sanitaire. Pendant l’été 2016, un enfant est mort en Sibérie de la maladie du charbon (anthrax), pourtant disparue depuis 75 ans dans cette région. Pour les scientifiques, l’origine remontait très probablement au dégel d’un cadavre de renne mort de l’anthrax il y a plusieurs dizaines d’années. Libérée, la bactérie mortelle, qui se conserve dans le permafrost pendant plus d’un siècle, a réinfecté des troupeaux. Et la menace ne se limite pas à l’anthrax…