La France a renoncé à soutenir un projet gazier porté par TotalEnergies dans l’Arctique russe
Le mégaprojet gazier Arctic LNG 2, très contesté par des associations de défense de l’environnement, se fera finalement sans garantie publique de l’Etat français. L’information a été confirmée au Monde de source gouvernementale, mercredi 1er décembre. L’entreprise russe Novatek, principal porteur du projet avec le groupe français TotalEnergies (21,6 % de participation directe ou indirecte), avait annoncé, la veille, avoir obtenu près de 10 milliards d’euros de financement de banques russes et internationales.
La gigantesque usine de liquéfaction d’ores et déjà en construction dans l’Arctique russe, une zone très affectée par le dérèglement climatique, devrait permettre de produire près de 20 millions de tonnes de gaz par an, destinées à l’Europe et à l’Asie. La France avait d’abord envisagé apporter son soutien à ce projet par le biais de garanties à l’export. Grâce à ce mécanisme, le pays se porte garant de prêts pour les entreprises françaises à travers la banque publique d’investissement, Bpifrance. En toute discrétion, et en raison notamment de la pression d’ONG, elle y a finalement renoncé.
Selon une source proche du dossier, Bpifrance n’a pas donné suite à la demande d’emprunt formulée par l’entreprise française Technip, également partie prenante du projet. Alors que le premier projet gazier de TotalEnergies dans l’Arctique, Yamal LNG, mis en service depuis 2017 avec Novatek, avait bénéficié de garanties publiques françaises, ni la multinationale ni Technip n’ont souhaité s’exprimer sur le fait que Paris n’accorde pas de garantie export à Arctic LNG 2, dont l’activité doit commencer en 2023. Selon Technip, ce projet « est important pour remplacer le charbon par le gaz naturel, notamment dans les pays asiatiques où les besoins en énergie sont très élevés, et permettre ainsi d’accélérer la transition énergétique ».
Le gigantesque chantier d’Arctic LNG 2 est estimé par Novatek à un coût total d’environ 19 milliards d’euros
Malgré cette absence de soutien français, Novatek a annoncé, mardi, avoir levé 9,5 milliards d’euros sous forme d’emprunts « pour une période allant jusqu’à quinze ans ». Cette somme comprend notamment 2,5 milliards d’euros en provenance de Chine, par le biais de sa Banque de développement et de sa Banque d’exportation et d’importation. Un autre montant de 2,5 milliards proviendra d’institutions financières de l’Organisation de coopération et de développement économiques, notamment du Japon, ou d’Italie à travers l’agence italienne de crédit à l’export. Enfin, l’essentiel des prêts (4,5 milliards d’euros) reposera sur des banques russes…