La France et les nouveaux enjeux stratégiques en Arctique
Edito de Florence Parly, ministre des Armées :
« Peu le savent : l’intérêt de la France pour l’Arctique ne date pas d’aujourd’hui ». Lorsque la France construit une base de recherche scientifique dans l’archipel du Svalbard en 1963, elle est la première à s’y installer. Cette tradition de recherche polaire a forgé de grands explorateurs, dans les pas de Paul Emile Victor et Jean-Baptiste Charcot.
Bien plus qu’un simple laboratoire de recherche, l’Arctique est aujourd’hui une zone hautement stratégique. La Revue stratégique du ministère des Armées de 2017 considère qu’elle pourrait un jour « constituer un espace de confrontation ». C’est un fait : les nouvelles routes commerciales, maritimes et aériennes en Arctique ainsi que l’appétence de nombreux acteurs pour l’exploitation de ses ressources annoncent une compétition accrue entre différents Etats. Michel Rocard résumait ainsi ces enjeux : « L’Arctique ? C’est un deuxième Moyen Orient ! ».
Ces changements récents ne sont pas le fruit du hasard. L’Arctique est l’un des endroits sur Terre où le réchauffement climatique est le plus visible. Entre 2003 et 2011 la surface de la banquise a été divisée par deux. Préserver l’Arctique, c’est préserver la planète, il y a urgence et nous le savons.
La France veut être une voix lucide face aux appétits grandissants : l’Arctique n’appartient à personne. Seule une coopération intelligente entre les pays concernés mènera à des résultats dignes et indispensables : protection des ressources naturelles, liberté de navigation, lutte contre le dérèglement climatique.
Le ministère des Armées joue tout son rôle pour appuyer la stratégie française. Nous l’avons récemment montré lorsqu’un bâtiment de la Marine nationale a franchi le passage Nord-Est de l’Arctique : il s’agissait du premier navire militaire non-russe à emprunter cette voie.