La Nasa sonde les mers du Groenland menacé par la fonte des glaces
Joshua Willis dirige la mission Oceans Melting Greenland (OMG, Océans Fonte Groenland). Dans sa combinaison bleue d’astronaute, cet océanographe est à la manœuvre ce jour d’août où des journalistes de l’AFP sont invités à l’accompagner dans le ciel polaire.
Il charge dans un puits de largage une sonde, cylindre d’un gros mètre de long et d’une dizaine de centimètres de diamètre, bourré de capteurs. Au signal radio du pilote, il précipite la sonde dans le vide. L’ogive fuse vers la Terre, tournoie, s’abîme sur la surface bleutée, s’enfonce dans les eaux nimbées d’écume et de soleil boréal. Sur la ligne de côte, à perte de vue, les glaciers en péril, érodés par l’air et les flots, s’affaissent, se disloquent, libérant dans un fracas assourdissant des blocs de glace pareils à des îlets de sucre dérivants.
« Le niveau des océans pourrait probablement s’élever de plusieurs mètres au cours des cent prochaines années, c’est une immense menace pour des centaines de millions de personnes dans le monde », s’alarme Joshua Willis.
Les océans rongent la glace
Une fois immergée, la sonde envoie en temps réel des informations sur la température et la salinité de l’océan, traduites en diagrammes multicolores sur les écrans des scientifiques dans leur labo volant. « Beaucoup de gens pensent que la glace fond à cause du réchauffement de l’air, un peu comme un glaçon sous un sèche-cheveux, mais en fait les océans rongent aussi la glace », rappelle le chercheur américain.
Sur une période de cinq ans, l’équipe d’OMG compare les données collectées pendant l’hiver à celles recueillies au cours de l’été. Objectif : affiner les prédictions d’élévation du niveau de la mer.
Le Groenland, île de deux millions de km² (près de quatre fois la superficie de la France) bordée aux trois quarts par les eaux de l’océan Arctique, est recouvert à 85~% de glace.
Ce territoire immense se trouve sur la ligne de front de la fonte des glaces arctiques, région qui se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. Si la banquise et la glace qui recouvre le socle continental devaient disparaître, le niveau des océans pourrait monter de sept mètres et submerger îles et régions côtières de part et d’autre de la planète…