La quête du pôle nord : l’expédition tragique de Salomon August Andrée (1897)
En 1897, le pôle Nord géographique est encore une terra incognita. Les tentatives pour l’atteindre sont nombreuses, or la plupart se soldent par un échec ainsi que de nombreuses pertes humaines et matérielles. Dans cette période de fort nationalisme, la course vers le pôle Nord est une manifestation de patriotisme. La Suède ne veut pas rester en retrait dans cette conquête, notamment par rapport à la Norvège. En effet, en 1895, l’expédition norvégienne de Fridtjof Nansen et de Hjalmar Johansen atteint un record de latitude nord de 86°13′.
L’ingénieur suédois Salomon August Andrée (1856-1897) propose, dans une conférence donnée en 1895 à l’Académie royale des sciences de Suède, de conquérir le pôle Nord en utilisant un mode de transport jamais utilisé jusqu’à présent dans l’exploration des pôles : le ballon à gaz (ou charlière). D’après les calculs de Salomon Andrée, le trajet depuis l’archipel du Svalbard jusqu’au pôle Nord ne devra pas durer plus d’une semaine et, grâce au soleil de minuit, des mesures pourront être prises 24 h sur 24 h. En fonction des vents, l’équipage continuera ensuite sa route vers la Sibérie ou vers le Canada. La durée de l’expédition sera donc courte, et surtout son coût humain sera faible par rapport à toutes les expéditions précédentes puisque seules trois personnes participeraient à l’expédition. En effet, environ 1 000 explorateurs se sont aventurés au XIXe siècle dans l’Arctique mais seulement un quart en sont revenus vivants (Wilkinson, 2012). La plus connue est sans doute l’expédition de Sir John Franklin parti à bord des HMS Erebus et HMS Terror, avec un équipage de 128 hommes à la recherche du Passage du Nord-Ouest (1845-1847) : aucun n’a survécu…