La Russie veut construire le plus gros sous-marin nucléaire au monde
L’actuel tenant du titre de plus gros submersible au monde est le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) de classe Typhoon, aussi appelée Akula. Fabriqué par l’Union soviétique à partir de 1976, l’engin mesure 173 mètres de long pour 23 mètres de large et pèse 26.000 tonnes. L’armée russe en a conservé un.
Avec 360 mètres de long, 70 mètres de large et 180.000 tonnes, le Pilgrim le détrônerait très largement : son volume serait six fois plus important. Ce sous-marin citerne à propulsion nucléaire, sur lequel planchent des ingénieurs russes, servirait à transporter du gaz naturel liquéfié (GNL) dans les eaux de l’Arctique, indique le spécialiste H. I. Sutton dans Forbes.
Difficile de déplacer un tel monstre: pas moins de trois réacteurs nucléaires d’une puissance de 30 mégawatts chacun assureraient la propulsion. Le Pilgrim pourrait ainsi atteindre une allure de 17 nœuds [31 km/h], proche de celle des tankers traditionnels.
Le projet est piloté par le bureau d’études Malakhit, qui a conçu de nombreux sous-marins pour l’URSS puis la Russie: le sous-marin nucléaire d’attaque de classe Iassen, le Losharik, un submersible espion impliqué dans un mystérieux accident en juillet 2019, et le Laika, qui pourrait devenir le prochain sous-marin d’attaque de la Russie.
Projet ancien
Utiliser des submersibles pour transporter des hydrocarbures n’est pas une idée nouvelle. Dans les années 1950, les États-Unis ont envisagé d’acheminer le pétrole de l’Alaska de cette manière, en lieu et place des oléoducs. Les Pays-Bas ont pour leur part imaginé des sous-marins multicoques, un concept repris par les Russes pour la classe Typhoon.
Au Japon, un brevet a été déposé en 1995 pour un sous-marin qui transporterait du gaz carbonique liquide dans les eaux polaires. Il a été suivi par un brevet russe pour un «bateau-citerne submersible», destiné à naviguer dans les eaux arctiques gelées.
Selon H. I. Sutton, si cette technologie se développe, elle pourrait constituer une protection contre les pirates, mais aussi permettre à certains États d’échapper aux sanctions internationales. De quoi mettre de l’eau dans le gaz ?