La sterne arctique, championne des vols long-courriers
Il ne faut pas se fier à son petit gabarit et à son poids plume : la sterne arctique bat tous les records. Pour bénéficier des journées d’ensoleillement les plus longues de notre planète et ainsi s’empiffrer de poissons, crustacés et krill toute la journée, elle déménage en Arctique durant l’été, en Antarctique pendant hiver. Ce qui nécessite un long périple deux fois par an. En trente années de vie, le compteur de vol de ce pilote hors pair peut afficher plus de 2,4 millions de kilomètres. L’équivalent de trois voyages aller-retour sur la Lune.
Des vols deux fois plus longs que prévu
Les scientifiques ont dans un premier temps sous-estimé les performances de la sterne arctique. C’est en lui posant un traceur sur la patte en 2007 qu’ils ont réalisé que son chemin était deux fois plus grand que les 40 000 kilomètres initialement estimés. Car le vol de l’oiseau est plus sinueux qu’attendu.
En ce début de printemps, cet oiseau marin s’apprête à prendre la route. Il a passé l’hiver en Antarctique et va remonter le globe jusqu’à l’Arctique pour se reproduire. Ce chemin retour se fait en mode turbo. La sterne va surfer sur les vents dominants, ce qui explique sa trajectoire en forme de S jusqu’au sud du Groenland. Elle rentre au bercail en une quarantaine de jours, soit en moyenne 520 kilomètres par jour. Pour l’aller, l’itinéraire est différent. Au début de l’automne, les colonies déploient leurs ailes affûtées en direction des côtes africaines. Puis certains groupes longent le continent jusqu’au sud, tandis que d’autres traversent l’océan atlantique jusqu’au niveau du Brésil et descendent le long du continent sud-américain. Le rythme est cette fois moins soutenu : 370 à 430 kilomètres par jour. Le trajet dure cette fois-ci environ trois mois. En 2007, les scientifiques ont aussi découvert qu’autant à l’aller qu’au retour, les oiseaux faisaient une escale au niveau de Terre-Neuve, au large du Québec, pour se dégourdir les pattes…