Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

La stratégie de la Russie en Arctique : une remilitarisation qui coûte cher

Publié le 27.05.2020 - Article d'Aurélie Pugnet du 09/04/2020 sur B2
Dans le Grand Nord, la Russie a une ambition : « reconquérir l’Arctique ». Une militarisation forte de la région qui ne se fera qu’au travers d’un investissement conséquent, et au détriment de ses relations avec les pays occidentaux, note l’Institut français des relations internationales

Alors que la pandémie de Coronavirus occupe toute l’attention, Bruxelles2 tente de tenir son engagement : garder un œil sur les zone de tensions les plus brûlantes du globe qui resurgiront dès la crise passée car elles sont structurantes.

L’Arctique, bastion de la souveraineté de la Russie

La stratégie actuelle de Moscou en Arctique suit trois objectifs, selon Marlène Laruelle (IFRI). Premièrement, sur la scène internationale, l’Arctique est « un lieu pour réaffirmer son prestige et son statut de grande puissance », et une occasion pour la Russie de mettre en avant le dialogue et la coopération internationale plutôt que l’affrontement. De plus, pour sa sécurité, Moscou veut « réaffirmer sa souveraineté territoriale » en « sécurisant » les voies de transport et « se préparant aux menaces potentielles pour sa souveraineté ». Par ailleurs, la Russie veut relancer l’économie dans le Grand Nord, qui représente 11% de son PIB.

Une forte remilitarisation de l’Arctique…

Moscou a beaucoup investi dans la militarisation de la région depuis 2007. Moscou y abrite aujourd’hui les deux tiers de son armement nucléaire, et la péninsule de Kola à elle seule héberge la plupart de ses navires de lancement de missiles balistiques nucléaires (SSBN), ainsi que son arsenal anti-aérien et anti-navire. Depuis 2015, des avions intercepteurs MiG-31 et des bombardiers tactiques Su-34 sont positionnés et « rendent les côtes américaines plus accessibles » à la Russie. En parallèle, des bombardiers stratégiques patrouillent également à nouveau les frontières avec l’OTAN.

Depuis 2014, dans la zone, une quinzaine de bases aériennes ont été rouvertes. Dont trois équipées de missiles à longue, moyenne et courte portée. La flotte du Nord, elle, a été non seulement renforcée de plusieurs navires, mais la Russie a également prévu d’y ajouter un véhicule sous-marin nucléaire non-habité (UUV) Poséidon, et des missiles antinavires hypersoniques Tsirkon. En plus, le dernier programme d’armement prévoit de développer de nouveaux systèmes de missiles adaptés à l’Arctique.

… pour protéger les intérêts nationaux

En 2014, la doctrine militaire de la Russie mentionne explicitement « la protection des intérêts nationaux dans l’Arctique comme l’une des priorités » des forces armées russes. Et pour mener sa politique ambitieuse, le ministère de la Défense aurait mis en place un « commandement stratégique unifié du Nord », l’année dernière.

Budget vs. Puissance

Malgré la stagnation de l’économie russe, les investissements sont nombreux, et pas que du côté de la défense. Cela « implique des investissements humains et financiers que [la Russie] ne peut assumer pleinement dans les conditions sociales et budgétaires actuelles ». Toutefois, l’Arctique présente un exemple concret de « la résilience des politiques publiques russes dans des domaines jugés stratégiques ». Les fonds sont « limités, mais donc sont soigneusement ciblés dans des secteurs considérés comme cruciaux pour la capacité de la Russie à affirmer sa puissance ». En défense, la marine russe, elle, est « le grand perdant », avec des fonds insuffisants pour renouveler les bâtiments. Reste à voir jusqu’où ce budget est extensible…

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