L’Arctique en péril
Je vous parle depuis l’archipel norvégien du Svalbard ! On le connait plutôt sous le nom de Spitzberg en France. Ici, nous sommes à environ 1000 km du pôle Nord. L’environnement autour de moi est féérique. Il y a la toundra qui prend progressivement ses couleurs rouges d’automne. Les oiseaux migrateurs comme les oies bernaches s’envolent vers le sud en vagues successives. Hier soir, j’ai même croisé un renard polaire qui était déjà en train de mettre son manteau blanc. On a beau être fin août, ici l’hiver est proche.
Un paysage en agonie
Je suis au Svalbard pour donner des cours sur les glaciers aux étudiants de UNIS, l’université la plus au nord de la planète. Et quand je vois des étudiants du monde entier arriver, plein d’enthousiasme et d’envie d’apprendre, je ne sais pas s’ils réalisent qu’ils débarquent dans un paysage en agonie. Parce qu’ici, nous sommes dans l’épicentre du changement climatique. Le Svalbard et toute la région de la Mer de Barents qui l’entoure se réchauffent 6 à 7 fois plus vite que le reste de la planète.
La banquise, climatiseur de la terre entière
Le climat cette région est largement dominé par les glaces, surtout par la banquise. C’est cette croute de glace présente en permanence sur l’océan glacial Arctique. La banquise est de couleur claire, presque blanche, et grâce à cette couleur, elle agit comme un miroir. Et donc une grande partie de la lumière qu’elle reçoit du soleil est renvoyée vers l’espace. Grâce à ce mécanisme, la banquise est en quelque sorte le climatiseur de la région et de la terre entière.
Malheureusement, à force de bruler des énergies fossiles, l’océan se réchauffe, l’air également, et ainsi la surface recouverte par la banquise diminue rapidement ! En 40 ans, la banquise a perdu 40% de sa surface.
Moins de banquise, c’est moins de climatiseur naturel
Il y a quelques décennies encore, le Svalbard était entouré de la banquise une bonne partie de l’année. Aujourd’hui, la banquise a de plus en plus de peine à se former le long de nos littoraux pendant l’hiver. À la place, nous avons un océan de couleur beaucoup plus foncée qui lui est très efficace pour absorber le rayonnement solaire. Moins de banquise, ça veut dire plus de chaleur ici. Et les conséquences se font déjà ressentir : tempêtes, record de températures en juillet, recul des glaciers, dégel du permafrost. Bref, ici, je n’ai pas besoin de faire travailler mon imagination pour comprendre les conséquences réchauffement climatique, je les vois au quotidien…
Lire la suite de l’intervention d’Heïdi Sevestre du 31/08/2023 et écouter le podcast (durée 3 min) sur France Culture (groupe Radio France)