L’Arctique, future zone de tension entre les US et la Russie ?
« Il faut encore renforcer le statut de grande puissance arctique que détient la Russie ». Ces mots ont été prononcés par Vladimir Poutine lors de la mise à flot du brise-glace à propulsion nucléaire “Oural”. Ce navire rejoindra une flotte de sept autres bateaux du même type et permettra à la marine russe, qu’elle soit civile ou militaire, de naviguer toute l’année dans les mers situées au-dessus du cercle arctique. Seule Moscou possède une flottille de brise-glace nucléaires, un avantage qui commence à inquiéter les États-Unis et d’autres pays membres de l’Otan comme la Norvège.
L’océan Arctique revêt une importance stratégique accrue en raison du changement climatique. En effet, le rétrécissement de la calotte glaciaire ouvre de nouvelles voies maritimes qui permettent par exemple aux porte-conteneurs de voyager entre l’Europe et l’Asie de manière bien plus rapide. De vastes ressources pétrolières et gazières se trouvent également dans les régions les plus nordiques de la Russie. Le gouvernement russe a notamment construit une usine de gaz naturel liquéfié sur la péninsule de Yamal. Vladimir Poutine s’est engagé à développer la flotte nucléaire de son pays malgré les difficultés actuelles que connaît l’industrie russe avec les sanctions occidentales liées à l’offensive de Moscou en Ukraine.
Le chef du Kremlin a aussi déclaré qu’un brise-glace nucléaire imposant de 209 mètres, appelé “Russie”, serait achevé d’ici 2027. Ce bâtiment sera capable de briser des glaces de quatre mètres d’épaisseur. Le président russe a justifié l’expansion de cette flotte brise-glace par des nécessités économiques. « Ces navires sont nécessaires pour l’étude et le développement de l’Arctique, pour assurer une navigation sûre et durable dans cette région, pour augmenter le trafic sur la route maritime du Nord. Le développement de ce corridor permettra à la Russie de libérer plus complètement son potentiel d’exportation et d’établir des voies logistiques efficaces, notamment vers l’Asie du Sud-Est », a-t-il précisé lors d’un discours accompagnant la mise à flot du brise-glace Oural.
Une rhétorique qui n’a pas dissipé les inquiétudes des États-Unis et de l’Otan. Il faut dire que depuis 2005, la Russie a discrètement réouvert des dizaines de bases militaires datant de l’ère soviétique en Arctique. Les experts de l’Arctique ont déclaré qu’il faudrait au moins dix ans à l’Occident pour rattraper les forces militaires russes dans la région, s’il décidait de le faire.
Réponse de l’Otan
De son côté, Washington a voulu montrer qu’elle aussi pouvait être présente militairement en Arctique. Le 9 novembre dernier, les forces d’opérations spéciales américaines de l’US Air Force ont volé au-dessus du pôle nord et ont lancé avec succès un missile à longue portée à l’arrière d’un avion C-130. « Ce missile pouvait tout à fait atteindre la Russie. Nous essayons délibérément d’être provocateurs sans tomber dans l’escalade », a déclaré le lieutenant-colonel Lawrence Melnicoff au site Stars and Stripes, avant d’ajouter : « Nous essayons de dissuader une agression russe et contrer son comportement expansionniste en arctique, en montrant les capacités renforcées de nos alliés comme la Norvège »…
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