L’Arctique, mirage aujourd’hui, eldorado demain ?
Le constat de Laurent Mayet se veut lucide sur les possibilités du développement économique de l’Arctique. À l’occasion de la forte réduction de la banquise d’été cette année, le président du think tank Cercle polaire et ancien représentant spécial des Affaires étrangères pour les questions polaires évoque devant les caméras de Sputnik les deux facteurs essentiels de ce qu’il décrit comme une « guerre économique ».
Les réserves d’hydrocarbures y sont gigantesques, mais « une très grande partie se trouve sous la juridiction et les droits exclusifs de la Russie ». La route maritime du Nord-Est, reliant l’Asie à l’Europe, est « vraiment avantageuse sur le papier » : Laurent Mayet estime qu’elle représente « un gain en temps, en distance et en coût, d’environ 30% » par rapport aux routes traditionnelles de Suez et de Malacca. Deux sources de fort potentiel économique et stratégique qui attisent les ambitions des grandes puissances. Donald Trump a même tenté d’acheter le Groenland au Danemark, la Chine a lancé la « route de la Soie polaire » et la France a établi en 2016 une feuille de route stratégique pour l’Arctique, coordonnée par Laurent Mayet. Néanmoins, ces promesses se heurtent à des difficultés non négligeables.
Sur les chiffres avancés ultérieurement pour les réserves en hydrocarbures de l’Arctique, Laurent Mayet relativise clairement. « Les chiffres exacts, on ne les a pas », car « l’exploration n’est pas encore allée suffisamment loin ». Il déclare avoir assisté à des « périodes d’exploration renforcée » qui, pour certaines, ont été « très vite atténuées ».
L’envers du décor
Si la fonte des glaces progresse dans l’Arctique, deux facteurs structurels et conjoncturels permettent de relativiser l’emballement médiatique autour de cette course aux hydrocarbures. Le président de Cercle polaire évoque ainsi le seuil décisif de 100 dollars, le prix du baril de pétrole, en deçà duquel l’exploitation du pétrole dans l’Arctique n’est « plus du tout rentable », étant donné les difficultés climatiques et les « technologies » nécessaires dans ces conditions extrêmes. Alors que le baril n’a pas atteint ce tarif depuis 2014, ce dernier navigue au 2 octobre en dessous des 40 dollars. Deuxièmement, il souligne « l’apparition des hydrocarbures non conventionnels » particulièrement développés en Amérique du Nord, alors que les spécialistes prédisaient que « l’Arctique allait s’imposer au niveau mondial dans la donne énergétique »…
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