Le bassin arctique risque d’être libre de glace en été plus tôt que prévu
La région arctique constitue l’un des grands symboles du changement climatique en cours. En effet, les températures y augmentent 2 à 3 fois plus rapidement que la moyenne mondiale et la banquise recule à un rythme majeur. Pour donner une idée, près de trois quarts du volume de glace de mer présent en fin d’été a disparu entre 1980 et 2019. Il va sans dire que de telles évolutions ont des implications environnementales et socio-économiques considérables.
Fonte de la banquise : une dynamique de cercle vicieux
Le retrait des surfaces englacées expose de façon croissante la surface de l’océan au rayonnement solaire. Or, contrairement à la glace, l’eau réfléchit très peu les rayons émis par l’astre. Ainsi, une fraction plus élevée d’énergie incidente est absorbée au niveau du cercle arctique. Un processus qui accélère encore plus la fonte et l’absorption du rayonnement solaire. Autrement dit, un cercle vicieux. Dans le milieu scientifique, on parle de rétroaction de l’albédo. On voit ainsi comment une perturbation modérée peut être décuplée par le jeu d’interactions complexes et hétérogènes.
Avec la poursuite du réchauffement, les modèles climatiques anticipent un Arctique libre de glace en été vers le milieu du siècle. Toutefois, plusieurs études ont mis en avant la difficulté qu’ont ces modèles à reproduire la brutalité de la baisse récemment observée. Par ailleurs, des processus signifiants – comme la rhéologie de la glace – ne sont pas ou mal pris en compte. Aussi, il est plausible que ces projections sous-estiment la vitesse réelle du retrait de la banquise arctique.
Un Arctique libre de glace plus tôt que prévu ?
Une nouvelle étude parue le 10 août dans la revue Nature climate change vient nourrir ces soupçons. Initialement, les chercheurs se sont intéressés à l’état de la banquise arctique lors du dernier interglaciaire il y a environ 127 000 ans. Ils ont pu identifier un élément-clé nécessaire à la bonne représentation des conditions de l’époque dans leur modèle. Il s’agit des mares de fonte, lesquelles constituent des étendues d’eau douce à la surface de la banquise. Lorsque le modèle les prend en compte, il produit une rétroaction de l’albédo plus importante. Autrement dit, un pôle plus chaud et une extension de banquise plus faible que ce qui avait été simulé jusqu’à présent. Des résultats qui réconcilient la modélisation avec les proxys paléoclimatiques…
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Voir aussi l’article de Matthieu Combe du 02/09/2020 sur les Techniques de l’Ingénieur