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ISSN : 2755-3755

« Le changement climatique nous touche déjà de plein fouet »

Publié le 03.09.2021 - Article de Martin Koppe du 09/08/2021 (interview de Christophe Cassou) sur CNRS Le journal
Le Giec vient de publier le premier volet de son nouveau rapport, accompagné de son résumé aux décideurs, sur le changement climatique et ses impacts sur la planète. Christophe Cassou, directeur de recherche CNRS au laboratoire Climat, environnement, couplages et incertitudes et co-auteur du rapport, nous explique l’élaboration et les conclusions de ces documents

Vous êtes co-auteur du premier volet du sixième rapport du Giec. Comment ces documents sont-ils organisés  ?

Christophe Cassou : Le Giec fonctionne par cycles. Le nôtre a démarré en 2015 et se terminera en 2022, avec la sortie d’un rapport de synthèse. Le rapport général est composé de trois volets. Le premier, que nous publions ce mois-ci, traite de la compréhension physique du système climatique et du changement climatique. Le second portera sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes au changement climatique, tandis que le dernier abordera les solutions globales à mettre en œuvre pour atténuer le changement climatique et ses effets. Trois rapports spéciaux complètent ce cycle. Publiés en 2018 et 2019, ils se focalisent sur les impacts climatiques à un niveau de réchauffement précis, à savoir 1,5 degré, les impacts du changement climatique sur l’océan et la cryosphère et, enfin, sur les zones continentales.

Quelles sont les grandes conclusions de ce premier volet, publié aujourd’hui  ?

C.C. Si je devais le résumer en quelques lignes, je dirais qu’il montre que le changement climatique c’est maintenant, c’est partout sur la planète. Il empire et nous le percevons sous diverses formes. J’ajouterais que c’est un voyage sans retour, nous décidons aujourd’hui de notre futur chemin. Il est écrit noir sur blanc dans le rapport que le rythme du réchauffement climatique que nous vivons est sans précédent depuis au moins 2000 ans, et que la décennie 2010-2019 est probablement la plus chaude depuis au moins 100 000 ans. Il est établi, de manière sans équivoque, que l’activité humaine est la cause du changement climatique observé depuis les 150 dernières années.

Concernant la température globale à la surface, les activités humaines expliquent la totalité du réchauffement observé sur la dernière décennie par rapport au climat préindustriel, calculé à partir d’une moyenne entre 1850 et 1900. Le seuil de 1,5 degré sera très probablement atteint sur les 20 prochaines années. Quelques fractions de degrés peuvent sembler minimes, mais c’est tout le contraire. Notre monde d’aujourd’hui, à +1,1 degré, n’est pas le même que celui à +0.9 des années 2000 ; on le sent bien. Le monde futur à +1,5 ne sera pas celui d’aujourd’hui et sans réduction immédiate, forte, soutenue et à grande échelle de nos émissions de gaz à effet de serre, nous ne parviendrons pas à limiter le réchauffement en dessous de ce seuil.

Quelles en sont les conséquences  ?

C.C. Chaque fraction de réchauffement additionnel se traduit par des événements climatiques extrêmes plus fréquents et plus sévères, comme des vagues de chaleur, des sécheresses, des pluies diluviennes… Ces événements pourront aussi se produire dans des zones où ils étaient jusqu’alors inconnus. Le changement climatique n’est pas homogène, avec des signatures plus ou moins fortes selon les régions.

L’Europe méditerranéenne est particulièrement touchée. De même, le réchauffement est deux à trois fois plus rapide aux latitudes polaires de l’hémisphère Nord, avec une fonte rapide du Groenland et de la banquise de l’océan Arctique, mais aussi des canicules induisant des mégafeux de forêt en Sibérie ou en Amérique du Nord. À nos latitudes tempérées, des canicules et sécheresses inédites peuvent survenir comme c’est le cas au Canada, où des records de température ont été pulvérisés de plusieurs degrés le mois dernier. Normalement, ces records ne sont battus que de quelques dixièmes de degrés. C’est sans précédent de les voir être dépassés aussi brutalement, mais cela correspond bien à ce à quoi on s’attend lorsque le climat se réchauffe vite…

Lire la suite de l’interview sur CNRS Le journal

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