Le gyre de Beaufort, c’est une sorte d’immense tourbillon dans l’océan Arctique. Du côté de la mer de Beaufort, d’où son nom. C’est le plus grand réservoir d’eau douce de la région. Et des chercheurs de la Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI, États-Unis) rapportent avoir observé, pour la première fois, sur la deuxième décennie de ce siècle, une stabilisation de ce gyre anticyclonique. Comprenez que sa hauteur semble ne plus vouloir augmenter et que sa teneur en eau douce, quant à elle, semble avoir atteint un plateau. En parallèle, la couche halocine froide – celle qui isole les eaux chaudes et salées de l’Atlantique en profondeur – s’est considérablement amincie.

Un résultat dont l’importance est sans doute un peu difficile à saisir. Pour nous aider à comprendre, les chercheurs expliquent que cette stabilisation du gyre de Beaufort et cet amincissement de la couche halocline pourraient mener à une libération massive d’eau douce. Puis à un rafraîchissement de l’Atlantique Nord subpolaire. Avec un impact sur celle que les scientifiques appellent l’AMOC, la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique. Cet ensemble de courants qui remonte des eaux tropicales chaudes jusqu’à l’Atlantique Nord. L’AMOC transporte la chaleur et aide ainsi à réguler le climat mondial.

Des conséquences pour le climat mondial

Climat mondial. Les mots sont une fois de plus lâchés. « Les gens doivent être conscients que des changements dans la circulation de l’océan Arctique pourraient menacer le climat. Ce ne sont pas seulement la fonte des glaces et les animaux qui perdent leur habitat qui devraient être préoccupants », précise Peigen Lin, professeur agrégé à l’École d’océanographie de l’université Jiao Tong de Shanghai (Chine), dans un communiqué de la WHOI.

Les chercheurs soulignent que le nouvel état du gyre de Beaufort ne peut pas être vu comme « un retour à l’état de 2003 lorsque le gyre était faible et situé partiellement dans le bassin sud-est. Au lieu de cela, sous la boucle de contrainte du vent renforcée, le gyre s’est continuellement intensifié, même s’il s’est contracté, et il a maintenu son excès de stockage d’eau douce ». L’objectif est désormais de comprendre les mécanismes derrière ces changements. Pour permettre de prédire l’évolution future du gyre sous l’effet du réchauffement climatique. Et vice versa…

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