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ISSN : 2755-3755

Le plus grand dépôt de méthane gelé au fond de l’Arctique commencerait à se libérer

Publié le 19.11.2020 - Article du 28/10/2020 sur Reporterre (avec The Guardian)
Une équipe scientifique russo-suédoise a observé des concentrations de méthane extrêmement élevées en mer de Laptev, dans l’océan Arctique. Cela serait le signe de l’amorce du dégel des dépôts de ce puissant gaz à effet de serre

Le journal britannique The Guardian a révélé, mardi 27 octobre, que des scientifiques ont trouvé des preuves que les dépôts de méthane gelés dans l’océan Arctique — connus sous le nom de « géants endormis du cycle du carbone » — ont commencé à être libérés sur une large zone située au large de la côte de la Sibérie orientale.

Des niveaux élevés de ce puissant gaz à effet de serre ont été détectés jusqu’à une profondeur de 350 mètres dans la mer de Laptev, près de la Russie. L’équipe de scientifiques, à bord d’un navire de recherche russe, a également relevé en surface des concentrations de gaz quatre à huit fois supérieures à la normale. Cette information a suscité l’inquiétude des chercheurs quant au déclenchement d’une nouvelle boucle de rétroaction climatique qui pourrait accélérer le rythme du réchauffement planétaire.

Ne pas s’alarmer : « Il n’y a pas d’évidence pour l’instant d’une augmentation des émissions de méthane en Arctique »

En effet, le méthane induit un effet de serre 80 fois plus important que le dioxyde de carbone sur vingt ans. « Pour l’instant, il est peu probable qu’il y ait des conséquences majeures sur le réchauffement climatique, mais le fait est que ce processus a été déclenché. Ce dépôt d’hydrates de méthane sur les pentes de la Sibérie orientale a été perturbé et le processus de libération de ces gaz dans l’atmosphère va se poursuivre », a déclaré le scientifique suédois Örjan Gustafsson, de l’université de Stockholm, à The Guardian.

Les 60 membres de l’équipe de l’Akademik Keldysh pensent être les premiers à confirmer, par des observations, que la libération de méthane est déjà en cours sur une large zone de la pente, à environ 600 kilomètres au large des côtes.

En six points de surveillance sur une zone de 150 kilomètres de long et 10 kilomètres de large, ils ont vu des nuages de bulles se dégager des sédiments.

À un endroit sur le versant de la mer Laptev, à une profondeur d’environ 300 mètres, ils ont trouvé des concentrations de méthane allant jusqu’à 1.600 nanomoles par litre, ce qui est 400 fois plus élevé que ce à quoi on pourrait s’attendre si la mer et l’atmosphère étaient en équilibre.

Igor Semiletov, de l’Académie des sciences de Russie, qui est le scientifique en chef à bord, a déclaré que les rejets étaient « sensiblement plus importants » que tout ce que l’on avait trouvé auparavant. « La découverte de la libération active d’hydrates sur les pentes du plateau continental est très importante et inconnue jusqu’à présent », a-t-il déclaré. « Ils peuvent avoir de graves conséquences sur le climat, mais nous avons besoin de plus d’études avant de pouvoir le confirmer »

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Voir aussi l’article du 28/10/2020 sur CNEWS

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