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ISSN : 2755-3755

Le point de non-retour de la fonte du permafrost est « imminent »

Publié le 28.03.2022 - Article de Marina Fabre Soundron du 17/03/2022 sur Novethic
Quelques semaines après la publication d'un nouveau rapport du GIEC, une autre étude vient un peu plus assombrir les prévisions climatiques. Des chercheurs assurent que la fonte du permafrost pourrait bientôt franchir un point de non-retour, beaucoup plus tôt que ce que les scientifiques prédisaient jusqu'ici. Or le permafrost, en fondant, pourrait libérer des millions de tonnes de CO2, de méthane et même de mercure, réchauffant encore plus l'atmosphère

C’est un écosystème particulièrement vulnérable et clé dans la lutte contre le changement climatique. Les tourbières de pergélisol d’Europe et de Sibérie occidentale sont de véritables puits de carbone. Elles permettent, grâce à un sol recouvert de glace tout au long de l’année, de séquestrer près de 40 milliards de tonnes de carbone, soit le double de la quantité stockée dans l’ensemble des forêts européennes. Or une nouvelle étude dirigée par l’Université de Leeds et publiée dans la revue Nature Climate Change, estime que le point de basculement climatique, le « tipping point », pourrait être atteint plus tôt que ce que les experts ne le pensaient.

« Les projections indiquent que, même en déployant les plus grands efforts pour réduire les émissions mondiales de carbone, et donc limiter le réchauffement de la planète, d’ici 2040, les climats de l’Europe du Nord ne seront plus suffisamment froids et secs pour entretenir le permafrost tourbeux », soulignent les chercheurs. Une conclusion particulièrement effrayante puisque la matière organique va commencer à se décompenser à mesure que le pergélisol fond et va ainsi libérer des gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone et le méthane.

Méthane, CO2 et mercure

Moins connu que le CO2, le méthane est pourtant un des pires ennemis de la lutte contre le changement climatique. Ce gaz à effet de serre a un pouvoir de réchauffement 82 fois plus important que le CO2 sur vingt ans. Il est aujourd’hui responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre mondiales, même si sa durée de vie dans l’atmosphère est beaucoup moins importante que le CO2. Une autre étude publiée dans la revue National Snow and Ice Data Center avait par ailleurs révélé en 2018 que le permafrost cachait des stocks deux fois plus importants de mercure que sur le reste de la Terre. Or avec le dégel, ce métal pourrait finir en partie dans les océans et contaminer toute la chaîne alimentaire.

« Notre modélisation montre que ces écosystèmes fragiles sont au bord du précipice et que même une atténuation modérée conduit à la perte généralisée de climats adaptés au pergélisol tourbeux d’ici la fin du siècle », affirme Richard Fewster, auteur principal de l’étude et Docteur à l’Ecole de géographie de Leeds. « Mais cela ne signifie pas que nous devons jeter l’éponge. Le rythme et l’ampleur de la perte de climats appropriés pourraient être limités, voire partiellement inversés, par des politiques d’atténuation du changement climatique rigoureuses ». Le dernier volet du sixième rapport d’évaluation du GIEC, prévu le 4 avril prochain, portera justement sur l’atténuation, c’est-à-dire la réduction des émissions de gaz à effet de serre…

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Voir aussi l’article de Dorian De Schaepmeester du 19/03/2022 sur Futura

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