Le réchauffement climatique entraîne la migration des castors vers le nord du Canada et des États-Unis
Des chercheurs de l’Université de l’Alaska à Fairbanks ont épluché 12 années d’images satellitaires en haute résolution pour examiner la présence des rongeurs dans un secteur de 100 kilomètres carrés dans le nord-ouest de l’Alaska. Ils ont notamment cartographié les barrages et calculé l’augmentation de la superficie d’eau.
Selon ce qu’ils écrivent dans le journal scientifique Environmental Research Letters, le nombre de castors dans la région serait passé de 2, en 2002 à 98, en 2019.
Pendant la même période, la superficie recouverte par des étangs et des lacs serait passée de 5,94 kilomètres carrés à 6,43 kilomètres carrés, et les castors seraient responsables de 66 % de cette augmentation, selon les chercheurs.
« Le Nord change beaucoup », a commenté la professeure Najat Bhiry du département de géographie de l’Université Laval. Les régions arctiques et subarctiques se réchauffent trois fois plus vite que le reste du monde.
« Ce réchauffement a encouragé la migration de plusieurs espèces vers le nord, parce que […] les conditions sont plus favorables à certaines espèces qui sont plus habituées à vivre au sud ».
Le phénomène ne serait pas unique à l’Alaska. La communauté inuite d’Umiujaq, avec qui Mme Bhiry collabore régulièrement, décrit ainsi une augmentation au Nunavik du nombre de castors, de leurs barrages et des étangs qui se forment.
Contribuer au réchauffement
Les chercheurs de l’Université de l’Alaska évoquent la possibilité que les castors puissent être (partiellement) responsables du phénomène dont ils profitent puisque l’eau qui s’accumule derrière leurs barrages ferait fondre le pergélisol, permettant aux microbes de décomposer de la matière auparavant inaccessible — et entraînant le rejet dans l’atmosphère de deux puissants gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone et le méthane.
« C’est [un phénomène] plausible, mais c’est une hypothèse qu’ils ont émise », a dit Mme Bhiry. « C’est tout à fait logique, mais il faut la vérifier. Et pour la vérifier, il faut faire des mesures sur place ».
« II s’agit d’un `phénomène écologique intéressant […] qui vaut la peine d’être mentionné », a quant à lui réagi le professeur Michel Allard, du Centre d’études nordiques de l’Université Laval. Mais il importe, selon lui, de prendre un peu de recul face à la situation…
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