Les déjections des oiseaux de mer de l’Arctique enrichissent l’environnement
En approchant de ces falaises à oiseaux depuis la mer, nous voyons d’abord les flancs imposants des montagnes. Les taches vertes en dessous forment un beau contraste avec le gris de la roche. Nous entendons les oiseaux avant de les voir. Il est très émouvant de voir des oisillons s’élancer de la falaise pour leur tout premier vol, accompagnés et encouragés par leurs parents.
Plusieurs espèces d’oiseaux, comme les petits pingouins, les rissas et les fulmars, se reproduisent sur les pentes abruptes du littoral du Svalbard. Ces oiseaux pêchent les poissons de mer et leurs immenses colonies peuvent produire jusqu’à 150 kilos de guano [excréments] par jour. Ce guano a été, et est toujours, un engrais largement utilisé dans l’agriculture. Ici, les nutriments de la mer atterrissent sur une toundra habituellement pauvre en nutriments, et ce riche engrais se comporte comme il le ferait dans n’importe quel champ: il nourrit les plantes. Les nutriments sont distribués lors de la fonte des neiges au printemps, et pendant le reste de l’année avec le ruissellement des pluies. Ces processus sont essentiels à la création de sols enrichis qui donnent naissance à une végétation luxuriante et à des micro-organismes spécialisés.
Ce processus d’enrichissement en nutriments est particulièrement remarquable dans l’Arctique. L’azote est un facteur limitant pour la croissance des plantes dans de nombreuses zones climatiques de la Terre, mais sa disponibilité, comme celle du phosphore, est particulièrement limitée dans l’Arctique. Cela est dû aux basses températures, aux faibles précipitations et à la lenteur de l’altération de la roche-mère, un processus qui libère des minéraux dans le sol. L’augmentation de la quantité de nutriments dans le sol sous ces falaises à oiseaux permet aux espèces végétales de mieux pousser, mais lève également des barrières pour d’autres espèces qui ne sont pas aussi performantes sur les sols pauvres en nutriments de la toundra…
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