Les eaux arctiques, plus vulnérables que celles du reste du globe
L’océan Arctique, qui subit déjà de plein fouet l’impact des changements climatiques, pourrait connaître des bouleversements beaucoup plus rapidement que n’importe quelle autre étendue d’eau sur le globe, conclut un récent rapport fédéral.
Le rapport, Les océans du Canada maintenant : Écosystèmes de l’Arctique, a été mené par des experts de Pêches et Océans Canada, d’Environnement et Changement climatique Canada et du gouvernement du Nunavut.
L’analyse s’appuie sur les connaissances traditionnelles des Inuit et fait état des changements observés sur les écosystèmes marins de l’Arctique canadien, notamment en ce qui concerne la glace des mers, les réseaux trophiques et les liens avec les environnements avoisinants.
Course contre la montre
« Le reste de l’écosystème va suivre le même rythme que les changements observés dans l’Arctique », affirme la biologiste marine de Pêches et Océans Canada Andrea Niemi. « Il n’y aura pas de retard ».
Elle ajoute que les changements ont lieu avant même que les scientifiques ne parviennent à documenter certains phénomènes.
« Dans certaines parties de l’Arctique canadien, près de 60 % des espèces qu’on s’attend à trouver sur le plancher océanique n’ont pas encore été découvertes », écrivent les scientifiques.
Le rapport cite d’ailleurs la découverte, en 2013, de millions de vers tubicoles sur des volcans de boue actifs dans la partie canadienne de la mer de Beaufort. Ces vers, qui n’ont ni oeil ni estomac, utilisent les gaz des volcans comme source d’énergie grâce à un phénomène de chimiosynthèse.
« Cette découverte concerne la première et la seule communauté chimiosynthétique vivante connue dans les eaux de l’Arctique canadien », peut-on lire dans l’analyse des chercheurs.
Conséquences multiples
L’effondrement des littoraux et des zones côtières restreint l’accès aux côtes tant pour les poissons et les mammifères marins que pour les populations inuit.
Au cours des 20 à 30 dernières années, les taux d’érosion ont plus que doublé dans plusieurs régions de la côte de la mer de Beaufort, montre le rapport.
L’analyse décrit aussi la présence accrue de certaines espèces marines, comme le capelan, l’épaulard ou le saumon du Pacifique.
Pour parvenir à ces différents constats, les scientifiques se sont appuyés sur les connaissances ancestrales des Inuit. Certaines d’entre elles ciblent des indicateurs écologiques importants pour la surveillance des espèces, comme la texture de la graisse des bélugas, qui donne un aperçu de leur état de santé…