Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

Les lacs en Alaska « bouillonnent », soulevant l’inquiétude des scientifiques

Publié le 30.09.2022 - Article de Mathilde Ragot du 27/09/2022 sur GEO
Une mission lancée par la NASA a pour objectif l'étude des thermokarsts en Alaska, ces lacs qui apparaissent avec le dégel du pergélisol. Or les chercheurs alertent : ces derniers peuvent libérer des niveaux élevés d'un gaz à effet de serre, le méthane

Particulièrement présent en Alaska, le pergélisol (permafrost, en anglais) est victime du réchauffement climatique. La hausse des températures — mais aussi l’augmentation des feux de forêt, selon une étude — provoque un dégel partiel de ces sols habituellement perpétuellement gelés, parfois depuis des dizaines de millions d’années. C’est ainsi que dans cet État américain, des lacs dits thermokarstiques se forment dans le décor, provoqués par cette fonte. Et leurs eaux « crachent » du méthane, alerte Katey Walter Anthony, écologiste des écosystèmes aquatiques au Centre de recherche sur l’eau et l’environnement de l’Université de l’Alaska de Fairbanks, ce 22 septembre 2022 sur un blog de la NASA.

Des lacs remplis de bactéries, qui relâchent du méthane

Dans le cadre du projet Arctic-Boreal Vulnerability Experiment (ABoVE) de la NASA, la chercheuse étudie les causes et les conséquences de la formation de ces lacs en Arctique sur le changement climatique. Elle s’est ainsi penchée, notamment, sur l’environnement du thermokarst alaskain dénommé Big Trail Lake. Il y a cinquante ans à son emplacement actuel, le sol mesurait trois mètres de plus et accueillait une forêt d’épicéas. La fonte d’énormes blocs de glace coincés dans le sol a finalement provoqué son effondrement. Les gouffres en résultant ont été envahis par de l’eau… et par des bactéries. Katey Walter Anthony illustre ainsi dans l’article :

« À Big Trail Lake, c’est comme ouvrir la porte de votre congélateur pour la première fois et donner toute la nourriture de votre congélateur aux microbes pour qu’ils se décomposent. »

Car quand la couche de pergélisol dégèle, l’activité microbienne augmente : ces micro-organismes se nourrissent des matières organiques auparavant gelées dans le sol. Et leur digestion est à l’origine d’émissions de dioxyde de carbone… et de méthane. Si bien qu’à la surface des thermokarsts tels que Big Trail Lake, des bulles se forment : ce sont les gaz qui bouillonnent et se libèrent dans l’atmosphère. Par ailleurs (et plus rarement), la fonte de la glace peut entraîner la création de « cheminées » sous les lacs, permettant au méthane et aux autres gaz « géologiques » piégés dans les profondeurs de la Terre de s’échapper. Un phénomène qui se produit au lac Esieh, autre site de l’étude ABoVE.

Pourquoi la libération du méthane est-elle alarmante ?

Il y a des millions de lacs en Arctique, mais la plupart sont anciens et ne libèrent ainsi plus tant de gaz, car leurs microbes ont épuisé la matière organique. Seuls les plus récents, apparus il y a moins de cinquante ans, en dégagent des niveaux élevés. Tellement par endroits qu’il serait possible de les enflammer en un rien de temps, rapportait Business Insider« Ce qui est préoccupant pour l’avenir, quand on pense à la rétroaction du carbone du pergélisol, ce sont les zones qui viennent de dégeler », conclut Katey Walter Anthony. Pour rappel, le GIEC prévoyait en 2019 une fonte des pergélisols lente d’ici 2100 dans le cas réchauffement global maintenu à +1,5 °C. Un scénario qui s’éloigne.

Et si la crainte de la libération potentielle d’inquiétants virus est souvent associée au dégel du pergélisol, celle de milliards de tonnes de méthane dans l’atmosphère pourrait s’avérer plus à risque. Les émissions de CO2 restent certes majoritairement pointées du doigt dans le cadre de la crise climatique, mais le méthane n’en est pas moins un moteur à court terme…

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