Les mutations microbiennes qui pourraient changer l’Arctique à jamais
Martin Nielsen se penche au-dessus du plat-bord du Porsild et attrape le filet bongo de 100 mètres de long à sa sortie de l’eau. Il est assisté par l’un des membres de l’équipage, Eli Martensen : un pêcheur inuit aux pommettes rouges, un habitué de ces expéditions mensuelles.
Le filet est conçu pour piéger les plus petits organismes de l’océan : les zooplanctons. Martin Nielsen, biologiste moléculaire et actuellement responsable scientifique de la station arctique sur l’île de Disko au large de la côte ouest du Groenland, ramène à bord ce qu’il a recueilli dans un bocal d’échantillonnage. Des myriades de créatures translucides semblables à des crevettes flottent dans l’eau comme dans une boule à neige.
« Quand on parle de micro-organismes dans l’océan, il faut se rendre compte qu’il y en a énormément », explique Nielsen. « [Ils] jouent un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire ».
Outre les bactéries et les virus, le zooplancton (l’animal) et le phytoplancton (la plante) sont les créatures les plus abondantes dans l’océan. Ils sont la principale source de nourriture des poissons et des mammifères marins, y compris les grands cétacés comme les baleines à bosse et les baleines franches. En une seule journée, ces géants peuvent consommer près d’un millier de kilogrammes de krill, une espèce de zooplancton, ainsi que des petits poissons comme les capelans, qui eux-mêmes se nourrissent de zooplancton.
Cela fait des années que les scientifiques prélèvent des échantillons et étudient les micro-organismes de la baie de Disko au large de la côte ouest du Groenland. « Arctic Station est là depuis plus de 100 ans », explique Martin. « D’un point de vue scientifique, il est important de faire ces mesures dans la durée »…
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