Les narvals s’adaptent partiellement au réchauffement en retardant leur migration, montre une étude
Ces mammifères marins emblématiques de l’Arctique affectionnent les eaux froides et dépendent dans une large mesure de la glace de mer pour leur survie. Les narvals vivent en moyenne 50 ans, mais certains individus peuvent vivre jusqu’à 100 ans.
En été, la population de narvals de la baie de Baffin se tient près des côtes, formées de baies et de fjords, où elle peut donner naissance aux petits et rester protégée, dans une certaine mesure, du vent et des prédateurs.
À l’automne, elle gagne le centre de la baie, entre la fin septembre et la mi-novembre, où les eaux sont profondes et se couvrent de glace. En hiver, cette glace mobile et compacte, qui leur permet de respirer, agit comme une protection pour cette espèce face aux prédateurs comme les épaulards et à la mer agitée. Les courants leur apportent les nutriments dont ils ont besoin. Ils passent donc l’hiver en plongée à la recherche de nourriture.
Les chercheurs de l’Université de Windsor et de l’Université de la Colombie-Britannique ont suivi les déplacements d’une quarantaine d’individus de cette population de 1997 à 2018, soit pendant 21 ans, en utilisant des images prises par satellite.
Ils ont constaté que sur le long terme (malgré les variations annuelles) les narvals quittaient de plus en plus tard leurs aires d’estivage pour aller vers leurs aires d’hivernage.
Ils entamaient leur migration environ 10 jours plus tard par décennie, selon les calculs de l’équipe, qui a rapporté ses travaux dans la revue PNAS.
Cette migration retardée correspond à la formation de plus en plus tardive de la glace sur la baie de Baffin, notent les chercheurs.
Les narvals semblent rester plus tard dans leurs aires d’estivage en attendant que la glace commence à se former. Quand les risques deviennent trop élevés que la glace se forme en eaux peu profondes et qu’ils y restent pris, ils prennent le large. Et ce processus s’effectue toujours plus tard, parallèlement à l’apparition plus tardive de la glace.
Ceci veut dire que les individus sont capables de modifier leur comportement au cours d’une seule vie, ce qui est une illustration probante de la capacité d’adaptation de l’espèce, expliquent les chercheurs. Cette adaptation ne passe pas par l’évolution sur le plan génétique…
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