Les nouvelles routes (1/5) : le Grand Nord
« S’il y a plus de circulation, s’il y plus de bateaux, s’il y a plus de touristes, on aura forcément des impacts : l’habitat qui est réservé aux animaux et à la faune sauvage va se réduire. Il ne faudrait pas que demain on se retrouve avec des hôtels 5 étoiles partout et des flux de touristes incroyables », explique Pierre Michel, conseiller scientifique à l’ambassade de France à Washington.
Et demain donc, il n’y aura peut-être plus besoin de brise-glace pour traverser ce passage du nord-ouest. Cette nouvelle route maritime permettra aux bateaux du monde entier de relier l’Europe à l’Asie beaucoup plus rapidement.
Tous les scientifique le disent : en Arctique, le réchauffement climatique est deux fois plus rapide que sur le reste du globe, et dans ce territoire grand comme 38 fois la France, la surface de glace océanique a – en un quart de siècle – diminué d’environ 40 %.
Eric Rignot est professeur en Sciences de la Terre à l’université de Californie : « La fonte des glaces est très rapide depuis les années 80. On parle d’une dizaine ou d’une vingtaine d’années avant que les glaces ne disparaissent à la fin de l’été. C’est un bouleversement total des régions arctiques. Tous les écosystèmes marins et terrestres sont affectés de manière dramatique parce que ces changements s’opèrent sur quelques décennies ».
L’une des conséquences de cette fonte des glaces, c’est que ce passage de nord-ouest, qui relie le Groenland et l’Alaska, est pour les navires de plus en plus praticable et le sera peut-être demain 12 mois par an. Il y a deux ans, on a même vu un premier paquebot américain proposer à 650 touristes une croisière inédite dans la zone.
Pour les bateaux de marchandise qui veulent relier l’Europe à l’Asie, cette route offrira demain un trajet plus court que le passage par le canal du Panama, plus court d’environ 6 000 kilomètres…