Les pôles au centre de l’échiquier mondial
Soyons honnêtes : hormis les scientifiques qui y travaillent et quelques experts, rares sommes-nous à avoir une vision très claire des pôles. Ces lointaines étendues gelées ont même tendance à se confondre dans l’esprit du grand public, qui place indifféremment les ours polaires en Antarctique et les manchots en Arctique… (en réalité, les premiers sont endémiques des contrées arctiques et les seconds ne se retrouvent que dans les régions antarctiques et subantarctiques). La géographie des lieux semble tout aussi floue, et pourtant : « La première grande différence entre l’Arctique et l’Antarctique est géographique justement », comme le rappelle la géographe et politiste Camille Escudé, du Centre de recherches internationales de Sciences Po. « L’Arctique est un océan bordé par des continents – les continents eurasiatique et nord-américain. En fait, c’est presque une mer fermée à l’image de la Méditerranée. L’Antarctique, à l’inverse, est un continent entouré d’un vaste océan, l’océan Austral ».
Alors qu’on les imagine vides de toute présence, ou presque, les régions polaires accueillent des populations humaines diverses : habitées depuis des centaines de milliers d’années, les régions arctiques et subarctiques abritent pas moins de 110 populations autochtones, sans compter les millions de travailleurs venus s’employer dans les exploitations minières et les ports, tandis que l’Antarctique – certes inhabité – voit débarquer chaque été austral (de novembre à avril) des milliers de scientifiques et des touristes en nombre toujours plus grand. Loin d’être des régions isolées, les pôles sont aujourd’hui au cœur des enjeux internationaux.
Si l’existence d’un continent antarctique, en équilibre avec l’Arctique, a été postulée dès l’Antiquité par le Grec Aristote, il faut attendre la première moitié du XIXe siècle pour que les premiers explorateurs abordent le continent blanc. Parmi eux, le Français Dumont d’Urville, parti à la recherche du pôle Sud magnétique, accoste le 21 janvier 1840 à un endroit que le navigateur nomme « Terre Adélie », en l’honneur de sa femme Adèle, et prend possession du territoire au nom de la France. « En droit international, historiquement, il existe la théorie des “ territoires sans maître”, que l’on peut s’approprier si l’on est le premier à les découvrir », rappelle la juriste Anne Choquet, enseignante-chercheuse à Brest Business School…
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Voir également le dossier complet rédigé par Laure Cailloce au sein de CNRS Le Journal, n° 304 de mai 2021 (version papier)