MAGIC, une expédition au cœur du ciel polaire
En ce mois d’août, tandis que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) alerte une fois de plus sur les conséquences du réchauffement climatique dans le premier volet de son sixième rapport, la campagne Magic 2021 est prête à braver les masses d’air instables de la région de Kiruna, en Laponie suédoise, pour y observer les émissions de gaz à effet de serre. Issue d’un projet international rassemblant le CNRS, le Centre national d’études spatiales (CNES), le King’s College of London, la Nasa et l’Agence spatiale européenne (ESA), Magic regroupe quatre-vingts personnes venues de sept pays, qui espèrent toutes que la météo leur permettra de mener à bien les opérations planifiées.
Pendus à un ballon haut comme la tour Eiffel ou propulsés par des avions dans les nuages, une batterie d’instruments vont être testés et calibrés. « Le défi de Magic est de parvenir à détecter d’infimes variations dans la composition de l‘atmosphère, explique Cyril Crevoisier, directeur de recherche au CNRS au Laboratoire de météorologie dynamique (LMD), pilote et principal organisateur de la campagne Magic. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont très diluées, mais néanmoins capables de bouleverser l’équilibre climatique ».
Magic, un outil sur mesure
Magic inclut deux missions spatiales d’observation des gaz à effet de serre : Merlin (mission franco-allemande pour la mesure du méthane) et MicroCarb (mission française pour la mesure du dioxyde de carbone). Un objectif clé de la campagne est la validation d’un nouvel instrument à l’avenir prometteur : le lidar infrarouge Charm-F, développé par l’agence spatiale allemande. « Nous allons ainsi tester Charm-F qui est la maquette de l’instrument qui sera mis en orbite à bord du satellite Merlin », explique Cyril Crevoisier. La double plus-value pour la précision des mesures, c’est d’avoir adjoint à Charm-F un autre lidar « vent », capable d’enregistrer les mouvements de l’air. « C’est la première fois que ces deux instruments voleront ensemble et ça nous permettra d’en déduire directement les flux de GES », se réjouit le chercheur.
La combinaison des instruments à bord de l’avion de Météo-France permet de remonter à la source des émissions de méthane. La compilation des mesures de tous les instruments de la campagne Magic permettra – suite au travail à venir d’analyse des données – d’affiner la précision de Charm-F et d’estimer sa capacité à assumer une mission spatiale. Ainsi, la calibration du futur lidar permettra de traquer les émissions de gaz depuis l’espace. « Le CNES est une agence spatiale habituée à développer des instruments. Cette fois-ci, notre but est de mettre au point une chaîne de traitement de données. On souhaite développer un fort pouvoir d’analyse climatique, explique Caroline Bès, ingénieure d’études au CNES et coorganisatrice de Magic. On a besoin de calibrer les instruments afin qu’ils nous fournissent des données haute résolution »…
Lire la suite sur CNRS-Le journal