On est allé dans la ville la plus au nord du monde et les effets du réchauffement climatique font froid dans le dos
…Longyearbyen est devenue l’appartement-témoin du réchauffement climatique mondial. En mars, ses 2 100 habitants ont affronté une température moyenne de -12,7°C. Glacial ? Pas tant que ça. En cette période de l’année, il fait d’ordinaire 3°C de moins dans la ville la plus au nord de la planète. Ici, ce genre d’anomalie n’étonne plus personne : cela fait désormais 88 mois consécutifs, soit plus de sept ans, que les températures sont supérieures aux normales de saison.
« L’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète, et c’est au Svalbard que c’est le plus prononcé, déplore Kim Holmen. Depuis 30 ans, on a une hausse moyenne en hiver de 3°C par décennie. » L’écosystème local en est affecté. « Prenez les jeunes morues polaires, qui survivent en se cachant sous la glace, explique-t-il. On n’en voit plus. En revanche, l’été, on voit arriver des morues de l’Atlantique, des cabillauds… »
« Il y a deux ans, on a vu des maquereaux dans le fjord. C’est une espèce qui n’existait même pas dans le nord de la Norvège continentale il y a vingt ans, et qui y est devenue courante. »
Cette évolution de la faune n’a pas échappé aux pêcheurs occasionnels, comme John Aksel Bilicz, qui dirige le petit hôpital de Longyearbyen. « Depuis trois ou quatre ans, il y a beaucoup plus de poissons, on a des morues et du haddock juste ici, constate-t-il. Mon congélateur est plein ! »
La fonte des glaces risque aussi de toucher les centaines d’ours blancs emblématiques du Svalbard, qui voient leur territoire se réduire. L’un des spécialistes locaux de cette espèce, le réalisateur de documentaires animaliers Jason Roberts, estime que leur survie n’est pas encore menacée, mais il se dit tout de même « effrayé d’être aux premières loges du réchauffement climatique »…