« On ne sait rien de l’écosystème de l’océan Arctique central »
En quoi cette interdiction était-elle nécessaire ? Et dans quelle mesure les biologistes marins peuvent-ils tirer profit des expéditions polaires pour en savoir plus sur les perspectives de pêche en haute mer sur place ?
Pauline Snoeijs Leijonmalm, professeur d’écologie marine à l’Université de Stockholm, nous répond quelques heures avant de quitter Tromsø en Norvège, à bord du brise-glace Polarstern pour participer à l’expédition MOSAiC menée au pôle Nord par plusieurs équipes de scientifiques. Celle de Pauline Snoeijs Leijonmalm bénéficie du soutien de l’Union européenne.
« Aujourd’hui, nous devons interdire la pêche parce que nous ne savons rien de l’écosystème et nous ne savons pas quels poissons sont sur place », fait remarquer la professeure d’écologie marine. « C’est un écosystème qui est très pauvre en nutriments, donc je pense qu’il y aura très peu de poissons », estime-t-elle, « mais si on commence à les pêcher, on peut détruire l’écosystème ou l’équilibre des organismes ».
« En principe, tout le monde peut aller y pêcher »
« Nous parlons d’une zone qui se trouve à l’extérieur des zones économiques exclusives des pays côtiers ; donc en principe, tout le monde peut aller y pêcher quand la glace a disparu », explique Pauline Snoeijs Leijonmalm.
« C’est pour cela que nous devons savoir ce qu’il y a dans cet océan qui risque d’être exploité par tout le monde et il est évident qu’il faut le protéger », dit-elle. « Donc ce que nous allons faire, c’est trouver un moyen de le protéger en recueillant des données de référence ».
Mise en commun des données
« Nous n’en sommes qu’au tout début de la démarche : nous allons cartographier la zone et nous allons être la première expédition à le faire », souligne l’universitaire.
« Et le grand avantage de participer à une expédition de telle envergure, c’est que nous allons récupérer toutes les données sur l’environnement recueillies par les autres chercheurs présents sur le bateau », précise-t-elle.
« Donc nous n’avons pas besoin de mesurer la chlorophylle nous-mêmes, ni les nutriments, ni le zooplancton ; nous n’avons qu’à étudier les poissons et nous rapprocherons nos données de celles recueillies par les autres équipes : donc, c’est le grand avantage de ces expéditions d’ampleur », insiste-t-elle.