Recherches Arctiques

Actualités de la recherche scientifique
ISSN : 2755-3755

« On ne sait rien de l’écosystème de l’océan Arctique central »

Publié le 14.02.2020 - Article de Denis Loctier du 03/01/2020 sur Euronews
"On doit savoir ce qu'il y a dans l'océan Arctique central qui risque d'être exploité" : Un accord international signé l'an dernier a interdit toute pêche commerciale dans l'océan Arctique central de manière préventive, bien avant que l'on puisse la pratiquer réellement sur place

En quoi cette interdiction était-elle nécessaire ? Et dans quelle mesure les biologistes marins peuvent-ils tirer profit des expéditions polaires pour en savoir plus sur les perspectives de pêche en haute mer sur place ?

Pauline Snoeijs Leijonmalm, professeur d’écologie marine à l’Université de Stockholm, nous répond quelques heures avant de quitter Tromsø en Norvège, à bord du brise-glace Polarstern pour participer à l’expédition MOSAiC menée au pôle Nord par plusieurs équipes de scientifiques. Celle de Pauline Snoeijs Leijonmalm bénéficie du soutien de l’Union européenne.

« Aujourd’hui, nous devons interdire la pêche parce que nous ne savons rien de l’écosystème et nous ne savons pas quels poissons sont sur place », fait remarquer la professeure d’écologie marine. « C’est un écosystème qui est très pauvre en nutriments, donc je pense qu’il y aura très peu de poissons », estime-t-elle, « mais si on commence à les pêcher, on peut détruire l’écosystème ou l’équilibre des organismes ».

« En principe, tout le monde peut aller y pêcher »

« Nous parlons d’une zone qui se trouve à l’extérieur des zones économiques exclusives des pays côtiers ; donc en principe, tout le monde peut aller y pêcher quand la glace a disparu », explique Pauline Snoeijs Leijonmalm.

« C’est pour cela que nous devons savoir ce qu’il y a dans cet océan qui risque d’être exploité par tout le monde et il est évident qu’il faut le protéger », dit-elle. « Donc ce que nous allons faire, c’est trouver un moyen de le protéger en recueillant des données de référence ».

Mise en commun des données

« Nous n’en sommes qu’au tout début de la démarche : nous allons cartographier la zone et nous allons être la première expédition à le faire », souligne l’universitaire.

« Et le grand avantage de participer à une expédition de telle envergure, c’est que nous allons récupérer toutes les données sur l’environnement recueillies par les autres chercheurs présents sur le bateau », précise-t-elle.

« Donc nous n’avons pas besoin de mesurer la chlorophylle nous-mêmes, ni les nutriments, ni le zooplancton ; nous n’avons qu’à étudier les poissons et nous rapprocherons nos données de celles recueillies par les autres équipes : donc, c’est le grand avantage de ces expéditions d’ampleur », insiste-t-elle.