Où les choses sauvages sont : cartographier et prédire la dynamique des populations de grands carnivores à des échelles sans précédent
Toutefois, ces espèces évoluent dans des montagnes et forêts où les humains font de l’élevage, de l’apiculture, chassent ou pratiquent tourisme et loisirs. Ce partage de l’espace génère des tensions, voire des conflits, comme ceux concernant la prédation sur les troupeaux de moutons. Pour guider la prise de décision, des questions se posent, qui sont au cœur de l’écologie scientifique. Comment situer ou compter des animaux qui ne se laissent pas voir ? Comment prédire la réponse des grands carnivores à des scénarios de conservation ou de régulation ? Dans ce contexte, des scientifiques norvégiens, américains et français dont des chercheurs du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE – CNRS/Univ. Montpellier/EPHE/IRD/Univ. Paul Valéry Montpellier) ont développé une méthode statistique originale pour cartographier et prédire les populations transfrontalières de grands carnivores (loups gris, ours bruns et gloutons). Grâce à cette nouvelle approche, les scientifiques peuvent décrire et comprendre en détail la dynamique des populations entières à des échelles sans précédent. Les résultats de cette étude sont parus dans PNAS en novembre 2020.
Une composante cruciale de la gestion des populations est la connaissance de la dynamique des populations et de la distribution des espèces sauvages. Les grands carnivores sont un des sujets les plus controversés en gestion des populations. Une approche à l’échelle du paysage pour suivre les populations qui suivrait et prédirait leur devenir au-delà des frontières administratives pourrait aider les humains à mieux coexister avec les prédateurs.
Une équipe de scientifiques norvégiens, américains et français montrent que l’on peut suivre et prédire la dynamique des populations dans le temps et l’espace, à l’échelle de plusieurs pays, avec des conséquences importantes pour la gestion et la conservation des grands carnivores. Les méthodes de suivis modernes comme l’échantillonnage génétique permettent de suivre les populations animales sauvages efficacement, sans avoir à capturer et manipuler les animaux. Le matériel génétique laissé derrière eux par les animaux, par exemple des fèces, de l’urine, ou des poils, permettent d’identifier les animaux et les espèces. Au cours des deux dernières décades, les autorités suédoises et norvégiennes, avec l’aide de volontaires engagés dans des programmes de sciences citoyennes, ont accumulé des dizaines de milliers d’échantillons ADN sur l’ours brun, le loup gris et le glouton partout en Scandinavie.
Avec ces données, l’équipe de scientifiques menée par Richard Bischof a été capable, pour la première fois, de produire des cartes détaillées de la densité des populations du loup, du glouton et de l’ours en Scandinavie…
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