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ISSN : 2755-3755

Pollution en Arctique : que s’est-il passé dans le Grand Nord russe ?

Publié le 19.06.2020 - Article du 07/06/2020 sur Le Figaro (avec AFP)
Vendredi 29 mai, l’effondrement d’un réservoir dans l’Arctique russe a laissé s’échapper 21.000 tonnes de carburant. Une catastrophe écologique sans précédent pour la région

La catastrophe industrielle et écologique a été qualifiée de « sans précédent ». Vendredi 29 mai, l’un des réservoirs de carburant d’une centrale thermique s’est effondré près de la ville arctique de Norilsk en Sibérie, laissant s’échapper 21.000 tonnes d’hydrocarbure dans la nature.

Vendredi 5 juin, une semaine jour pour jour après le drame, les autorités russes ont dit avoir enfin stoppé la progression des hydrocarbures.

Retour sur l’une des pires catastrophes écologiques de la Sibérie.

« Un accident sans précédent par son ampleur »

Le 29 mai, l’effondrement d’un réservoir de diesel de la centrale thermique de Norilsk appartenant au géant minier Norilsk Nickel provoque une fuite de 15.000 tonnes d’hydrocarbures dans le cours d’eau voisin et de 6000 tonnes sur le terrain environnant.

« C’est un accident sans précédent par son ampleur », a commenté vendredi 5 juin Sevtalna Radionova, qui dirige Rosprirodnadzor, le gendarme russe de l’environnement. L’accident est si grave que le président russe Vladimir Poutine a déclaré mercredi 3 juin l’état d’urgence.

« Il n’y a jamais eu de fuite pareille dans l’Arctique auparavant », a précisé le porte-parole du service d’urgence marine russe, spécialisé dans ces accidents. « Il faut travailler très rapidement car le carburant est en train de se dissoudre dans l’eau ». Pour Greenpeace Russie, cet accident est « le premier à cette échelle dans l’Arctique ». L’Agence russe de la pêche a pour sa part estimé qu’il faudrait des décennies pour que l’écosystème se rétablisse.

La pollution est même visible depuis l’espace. Sur les images de l’agence spatiale européenne (ESA), qui datent du 1er juin, on peut voir plusieurs branches de la rivière teintées de rouge sur une longueur de plus de deux kilomètres.

La progression de la marée de carburant « stoppée »

La progression de la pollution a été stoppée grâce au déploiement d’un barrage de confinement flottant. Les secours sont mobilisés pour tenter de limiter les dégâts, dans un contexte compliqué par les difficultés d’accès, la faible profondeur de la rivière empêchant les opérations en bateau, et le terrain marécageux au printemps.

Les secours ont pompé les hydrocarbures et les ont stockés sur place dans des conteneurs en attendant l’hiver, lorsque le gel aura rendu le terrain plus praticable. Jusqu’ici, 200 tonnes ont pu être sorties des eaux.

Devant la gravité de la situation, les États-Unis ont proposé leur aide samedi 6 juin. « Malgré nos désaccords, les États-Unis sont prêts à aider la Russie à stopper cette catastrophe environnementale et à apporter notre expertise technique », a déclaré le secrétaire d’État Mike Pompeo dans un tweet…

… Pour comprendre les causes de la catastrophe, le Comité d’enquête russe a annoncé l’ouverture de trois enquêtes criminelles et déjà, le responsable de la centrale a été arrêté et placé en détention provisoire.

Norilsk Nickel, un des premiers producteurs mondiaux de nickel et de palladium, n’en est pas à son premier accident écologique : en 2016, une de ses usines avait déversé par inadvertance des produits chimiques dans une rivière proche de l’actuelle catastrophe.

Le gel du permafrost comme possible cause

La fonte du permafrost est avancée comme l’une des explications possibles à l’effondrement du réservoir. Ces sols gelés toute l’année recouvrent un quart des terres émergées de l’hémisphère nord, notamment en Russie, au Canada et en Alaska, et sont très chargés en dioxyde de carbone (CO2).

Le gouvernement russe considère ce dégel dans l’Arctique, où l’exploitation des ressources naturelles est une priorité stratégique du Kremlin, comme un risque majeur aux conséquences imprévisibles. Outre la libération de CO2 (le permafrost renferme deux fois la quantité de CO2 de l’atmosphère), et des bactéries et des virus enfermés parfois depuis des millions d’années, la fonte du permafrost cause de nombreux dégâts matériels. Selon une étude publiée en décembre 2018 dans Nature Communications, elle menace, d’ici à 2050, jusqu’à 70% des infrastructures en Arctique, dont des champs pétrolifères et gaziers, et 3,6 millions de personnes pourraient être affectées par ces dégâts.

La Russie a ordonné vendredi 4 juin une vérification complète de ses infrastructures à risque bâties sur le permafrost, fragilisé par le changement climatique.

Une autre cause a cependant été avancée. L’organisme de contrôle des infrastructures Rostekhnadzor, cité par l’agence TASS, a indiqué n’avoir pas pu vérifier depuis 2016 l’état du réservoir, en exploitation depuis 35 ans, car Norilsk Nickel affirmait qu’il était en réparation.

Lire l’article dans son intégralité sur Le Figaro

Voir aussi l’article du 05/06/2020 sur 20 Minutes (avec AFP)

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