Portrait : L’artiste inuite Shuvinai Ashoona, du cercle arctique à la Biennale de Venise
Cette année, à la Biennale de Venise, une mention spéciale a récompensé Shuvinai Ashoona pour ses dessins énigmatiques, notamment celui représentant “une pieuvre orange vif [qui] étire ses tentacules comme si elle faisait du yoga et un joyeux monstre à trois têtes [qui] tient par la main une famille inuite”, décrit The New York Times. “Ils n’ont pas dit où ils allaient”, plaisante l’artiste, interviewée par le quotidien américain.
The New York Times a choisi d’aller rencontrer l’artiste canadienne sur ses terres, à Kinngait, dans le territoire arctique du Nunavut, pour un reportage sur ses origines et sur celles de l’art inuit.
Une œuvre audacieuse et fantastique
Interrogée par le journal, Wanda Nanibush, une commissaire d’exposition issue du peuple anichinabé, relève que le travail de Shuvinai Ashoona est souvent qualifié de “surréaliste” par les non-autochtones. Une étiquette forcément réductrice.
“Shuvinai repousse les limites de l’idée que l’on se fait [en Occident] de l’art inuit”, acquiesce Nancy Campbell, une conservatrice de Toronto qui a déjà exposé les œuvres d’Ashoona. “Ses illustrations audacieuses, fantastiques et souvent incompréhensibles opèrent un rapprochement entre ce qui est autochtone et ce qui ne l’est pas, entre traditionnel et contemporain, entre ce qui relève du mythique et ce qui relève de l’historique.”
Dans son œuvre, elle “mélange le monde des esprits et les univers de la culture pop”, résume pour sa part The New York Times.
Troisième génération d’artistes inuits
Née à Cape Dorset, qui a repris son nom original de Kinngait en 2020, dans le territoire canadien du Nunavut, Ashoona est âgée de 60 ans. Elle continue de vivre dans cet endroit du cercle arctique situé “près de 2 100 kilomètres au nord d’Ottawa, sur la pointe de l’île de Baffin, qui s’avance dans l’océan Arctique”, et qui n’est relié à aucune autre ville par des routes.
Dans une communauté où un quart des habitants sont des artistes, elle a pris ses quartiers aux Kinngait Studios, aussi connus sous le nom de West Baffin Eskimo Cooperative. Depuis 1959, ces derniers ont vu éclore plusieurs générations d’artistes inuits, dont certains sont de la famille d’Ashoona. Le père de celle-ci, aînée de 14 enfants, était en effet le sculpteur Kiawak Ashoona (1933-2014), lui-même fils de Pitseolak Ashoona (1904-1983), une figure centrale de la première génération d’artistes inuits de Kinngait, explique The New York Times…
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