Pour sauver la mémoire du climat, des chercheurs entament une course contre la montre en Arctique
L’objectif est de sauver des siècles de données climatiques et environnementales et de les sanctuariser face au réchauffement de la planète. Des chercheurs se lancent, ce mardi, dans le forage des glaces de l’archipel du Svalbard, dans l’Arctique, endroit qui se réchauffe deux à quatre fois plus vite que la moyenne sur Terre.
« Les glaciers des hautes latitudes, comme ceux de l’Arctique, ont commencé à fondre à grande vitesse. Nous voulons récupérer et préserver, pour les générations futures de scientifiques, ces extraordinaires archives du climat de notre planète avant que toutes les informations qu’elles contiennent ne soient complètement perdues », indique Carlo Barbante, directeur de l’Institut des sciences polaires du Conseil national de la recherche italien et vice-président de la Fondation Ice Memory.
L’urgence d’agir pour les glaciologues
Huit scientifiques de France, Italie et Norvège, un spécialiste du forage et un guide de montagne rapporteront deux carottes de glace de 125 mètres de long et d’une dizaine de centimètres de diamètre. L’une sera analysée prochainement et l’autre conservée dans l’Antarctique pour les générations futures, à l’issue d’un véritable défi lancé à la logistique des chaînes du froid.
La communauté des glaciologues « voit sa matière première disparaître pour toujours de la surface de la planète. Notre responsabilité en tant que glaciologues de cette génération, c’est de faire en sorte d’en préserver un petit peu », a déclaré lundi le président d’Ice Memory, Jérôme Chappellaz. Une étude publiée en janvier dans la prestigieuse revue Science estime en effet que la moitié des quelque 215.000 glaciers sur Terre, notamment les plus petits d’entre eux, sont condamnés à disparaître d’ici à la fin du siècle à cause du changement climatique, tout en ajoutant que limiter au maximum le réchauffement de la planète pourrait encore permettre de sauver les autres.
Des tronçons conservés dans une base de l’Antarctique
L’équipe du Svalbard a établi son campement à 1.100 mètres d’altitude dans le champ de glace Holtedahlfonna, un lieu parsemé de périlleuses crevasses et parcouru de temps en temps par des ours polaires. Là, par des températures oscillant entre -25 °C et -5 °C, elle travaillera une vingtaine de jours, récoltant et classant soigneusement de précieux cylindres translucides. Les tronçons effectueront un périple en bateau jusqu’à Brest puis par voie terrestre vers les centres scientifiques de Grenoble et Venise.
Ceux de la deuxième carotte, destinés à la postérité et porteurs dans leurs strates et bulles d’air de 300 ans d’histoire du climat, de l’environnement, des pollutions, repartiront dans un second temps par la mer vers la base franco-italienne de Concorda, dans l’Antarctique…
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