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ISSN : 2755-3755

Pourquoi le niveau de la mer baisse-t-il en Islande alors qu’il monte partout dans le monde ?

Publié le 07.05.2022 - Article de Mathilde Le Petitcorps du 26/04/2022 sur Ouest-France
Le niveau des mers et océans monte partout dans le monde, mais il baisse en Islande. C’est un phénomène qui intrigue, mais il a une explication scientifique. Et elle ne date pas d’hier. Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) nous l’explique

C’est paradoxal. Alors que les climatologues alertent sur l’élévation du niveau de la mer à travers la planète, l’un des nombreux effets du réchauffement climatique, il y a un pays dans le monde, pour qui la montée des eaux n’est pas un problème, puisqu’il n’y est pas confronté. Il s’agit de l’Islande, et là-bas, c’est même l’inverse qui se produit : le niveau du niveau de la mer baisse.

Le média américain CNN évoque cette situation dans le cadre d’un reportage sur le village de pêcheurs de Höfn, qui se trouve près de la plus grande calotte glaciaire d’Islande, Vatnajökull. L’information surprend, pourtant il y a une explication tout à fait rationnelle à cela. Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) nous l’explique.

« Le niveau moyen de la mer a augmenté d’une vingtaine de centimètres depuis le début du XXe siècle, rappelle la climatologue. Mais il s’agit d’un niveau moyen, c’est-à-dire qu’il y a des endroits où la hausse est plus importante et à d’autres moins, et cela de quelques centimètres ». Françoise Vimeux prend l’exemple de l’océan Pacifique : « Le niveau de l’eau augmente deux à trois fois plus vite qu’ailleurs et cela parce que les courants océaniques ne distribuent pas la chaleur dans l’océan de manière homogène ».

Et a contrario« il existe d’autres zones où aucune élévation du niveau de la mer n’est enregistrée et parfois même une légère baisse est constatée », poursuit Françoise Vimeux. C’est notamment le cas de l’Islande. Mais pas seulement, « le Groenland et d’autres pays essentiellement du Grand Nord sont également concernés, c’est aussi le cas de quelques zones proches du pôle Sud, mais elles y sont moins nombreuses ».

Plus que d’une baisse du niveau de la mer, il s’agit d’une élévation de la terre

« Il s’agit d’un phénomène appelé rebond post-glaciaire ou rebond isostatique », poursuit la spécialiste. Et concrètement, il s’agit en fait davantage d’une élévation de la terre plutôt que d’une baisse du niveau de la mer.

Pour l’expliquer, Françoise Vimeux remonte vingt millénaires en arrière. C’est un phénomène qui ne date pas d’hier : « Il remonte à la dernière glaciation, qui date d’il y a 20 000 ans. D’énormes calottes de glaces se sont alors formées au nord des États-Unis, du Canada ou encore de l’Europe. Ces calottes pesaient un certain poids et c’est ce qui a fait que le sol s’est enfoncé dans les zones concernées ».

À l’issue de cette période glaciaire, « il y a entre 20 000 et 10 000 ans, le climat s’est réchauffé », poursuit l’experte. Pas celui dont on parle actuellement, il s’agit en réalité « d’une variabilité naturelle du climat, dû à la position de la Terre par rapport au Soleil ». Et cela a « entraîné la fonte et la diminution des calottes glaciaires, qui se sont mises à moins appuyer contre le plancher océanique et terrestre ». Sous cet effet, il s’est élevé. Et « cela donne l’impression que le niveau de la mer baisse »

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