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ISSN : 2755-3755

Pourquoi l’incendie survenu dans un sous-marin russe embarrasse Vladimir Poutine

Publié le 05.09.2019 - Article de Thomas Liebot du 05/07/2019 dans le Journal du Dimanche
Un incendie survenu dans un sous-marin russe a coûté la vie à 14 personnes. Le Kremlin, qui entretient le secret autour du drame, est embarrassé pour plusieurs raisons

C’est un drame qui fait resurgir les douleurs du passé. Un incendie dans un sous-marin a coûté la vie à 14 officiers de l’armée russe en mer de Barents, ravivant le souvenir de la tragédie du Koursk, qui avait coulé en août 2000 avec 118 hommes à son bord. Depuis, un épais mystère entoure les circonstances de cet incendie : Moscou invoque le « secret d’Etat » et n’a pas révélé en quoi consistait précisément la mission du sous-marin. Voici pourquoi cette tragédie embarrasse le Kremlin…

– Le sujet est politiquement sensible pour le Kremlin

Ce nouveau drame intervient 19 ans après la catastrophe du Koursk, survenue elle aussi en mer de Barents. Le 12 août 2000, ce fleuron de la flotte russe du Nord participait à un important exercice de la marine lorsqu’il a été touché par deux explosions provoquées par le chargement d’une torpille. Pendant plusieurs jours, les autorités ont caché le drame, jusqu’à ce que Vladimir Poutine reconnaisse, une semaine plus tard, que les 118 marins à bord étaient morts.

Cet accident reste à ce jour la pire catastrophe qu’ait connue la marine russe. Elle avait jeté une ombre sur le premier mandat du président Poutine, élu quelques mois auparavant et dont la gestion de l’affaire avait été très critiquée…

– L’incendie attire l’attention sur une mission secrète

Vladimir Poutine a qualifié l’appareil d’inhabituel. Selon la presse russe, le submersible touché par l’incendie est le AS-31, une version modernisée du AS-12, également surnommé « Locharik », un engin secret destiné à des opérations spéciales ou de recherche et pouvant plonger jusqu’à 6.000 mètres de profondeur…

« Avec son bras articulé, il est capable d’interagir avec le fond de la mer (…). C’est aussi lui qui est chargé d’aller piéger des câbles sous-marins. Il peut poser des stations d’écoute sous l’eau, donc faire des missions très sensibles », indique à l’AFP Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe et spécialiste de la marine russe. Selon lui, ce type de submersible a ainsi été utilisé en 2012 « pour réaliser des prélèvements du plateau continental dans le sous-sol de l’Arctique », pour que la Russie puisse plaider à l’ONU pour l’élargissement de ses frontières dans la région.

Ce type de sous-marins est rattaché à la Direction des plongées en eau profonde du ministère de la Défense, une division spéciale et « complètement autonome » de la Marine russe. « C’est une des branches les plus secrètes, les plus entourées de mystère de la marine russe », soutient Igor Delanoë, selon qui « elle dispose de l’élite de la flotte sous-marine russe : les plongeurs les plus qualifiés, les hommes les plus expérimentés, les plus entraînés »

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