« Power of Siberia 2 » : avant d’accepter le projet de méga-pipeline, la Chine pousse la Russie à multiplier les concessions
Le Power of Siberia 2, un gigantesque projet de pipeline devant permettre à la Russie d’acheminer plus de gaz en Chine, est discuté à Pékin, Moscou et Oulan-Bator depuis des années. Mais si les 50 milliards de mètres cubes de gaz par an de la colossale structure peuvent devenir un précieux atout pour la Chine, Pékin traîne les pieds depuis quelques mois : selon le South China Morning Post, le Parti Communiste espère en effet obtenir un maximum de concessions du Kremlin avant de valider la construction.
Un projet pour financer la Russie
Moscou est en recherche active de nouveaux débouchés pour ses hydrocarbures depuis le début de la guerre en Ukraine et l’embargo occidental sur les matières premières exportées par la Russie. Mais le gaz, dont la vente fournit au pays une précieuse manne financière, repose sur un long réseau de pipelines. Il est donc vital pour le pays de développer de nouvelles infrastructures vers d’autres clients que l’Europe, comme la Chine.
C’est dans cette veine que s’inscrit le Power of Siberia 2 : là où le Power of Siberia premier du nom exploite le gaz de Sibérie orientale, le nouveau pipeline relie le gazoduc Yamal-Europe à la Chine via la Mongolie, rapatrie ainsi un gaz à la base destiné à l’Union Européenne.
Cinquante milliards de mètres cubes de gaz, soit un quart des 203 milliards de mètres cube exportés par pipeline en 2021 par la Russie, doivent ainsi inonder le marché chinois, qui dépend de l’étranger pour ses hydrocarbures.
Mais selon des sources interrogées par le South China Morning Post, la Chine se sent en position de force et a adopté une « posture de négociations ». « C’est une question de baisse des prix », souligne ainsi une source russe travaillant sur ce dossier. « Ils [la Chine] peuvent demander des ristournes substantielles ».
Vladimir Poutine, de son côté, est soumis à « une pression immense » pour bâtir le pipeline, sans lequel la Russie restera sans nouveau débouché pour exporter son gaz et perdra une gigantesque source de revenus.
Une question de sécurité pour la Chine
« En termes de constructions, Pékin veut s’assurer qu’il n’y a ni risque ni coût. La Russie doit payer la facture elle-même« , souligne la source. Depuis plusieurs mois, malgré les visites d’officiels des deux pays en Russie et en Chine, le projet est rarement mentionné.
D’autant que selon un ancien membre du conseil de sécurité national de Mongolie, Oulan-Bator ne considère pas ce projet comme vital, ce qui pourrait ralentir l’avancée du projet. Selon le South China Morning Post, la construction devrait prendre 6 ans : les travaux de Power of Siberia premier du nom ont mis 5 ans à être complété…
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