Projet gazier géant de Total en Arctique : « Le double discours français sur l’écologie n’est pas tenable »
Tout juste sait-on que la décision sera rendue cette année. Contacté à propos de son possible soutien à un mégaprojet d’exploitation gazière en Arctique russe, nommé Artic LNG 2, auquel le groupe Total participe à hauteur de 20 %, le ministère de l’Economie botte en touche. Il avait pourtant indiqué qu’un arbitrage serait rendu avant la fin du mois de mai sur l’octroi d’une garantie à l’export de la banque publique d’investissement au géant français de l’énergie, d’après le site « Reporterre ». Aux associations, les services du ministère assurent attendre la finalisation d’une étude d’impact environnemental complémentaire.
Pour Anna-Léna Rabaud, chargée de campagne de l’association Les Amis de la Terre, « l’urgence climatique » justifie que l’Etat ne s’engage pas dans un projet d’extraction d’énergie fossile en Arctique, qui se réchauffe trois fois plus vite que le reste de la planète, menaçant de nombreux écosystèmes, comme elle l’explique dans une vidéo.
20 millions de tonnes de gaz par an
Trois usines de liquéfaction de gaz naturel doivent être construites sur le site de la péninsule de Gydan, au nord de la Russie. Une fois extrait dans les sols gelés, le gaz sera refroidi sur place à – 163 °C et transporté par méthaniers brise-glaces vers l’Asie et l’Europe à travers la route du Nord, sur le modèle du complexe gazier de Yamal LNG, situé à moins de cinquante kilomètres. Exploité depuis 2017, cet autre site est déjà opéré par Novatek, le numéro deux du gaz russe, en partenariat avec Total.
Le nouveau complexe devrait être opérationnel en 2023 et atteindre en 2025 sa capacité maximale de production de gaz liquéfié, 20 millions de tonnes annuelles, avec un an d’avance sur les projections initiales. Arnaud Le Foll, directeur de Total E & P Russie, expliquait dans une vidéo du groupe datée de 2019 :
« Cette usine va être construite en trois trains. Chaque train sera posé sur une barge en béton. Cette barge sera remorquée depuis Mourmansk jusqu’à l’embouchure de l’Ob. Elle va être posée au fond de la rivière en face du champ gazier, et une fois posée, sera connectée aux différents réseaux de pipeline de collecte du gaz ».
Total détient une participation directe de 10 % dans Arctic LNG 2 aux côtés de Novatek (60 %), Cnooc (10 %), CNPC (10 %) et d’un consortium Mitsui-Jogmec, Japan Arctic LNG (10 %). Le groupe français possède également une participation indirecte de 11,6 % dans le projet via les 19,4 % que le groupe détient dans le capital de Novatek. Sa participation économique globale s’élève ainsi à 21,6 %…
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