Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

Psychose arctique: cette inexplicable et étrange maladie des habitants du Grand Nord russe

Publié le 03.11.2021 - Article d'Ekaterina Sinelchtchikova du 29/10/2021 sur Russia Beyond
À la fin du XIXe siècle, une maladie mystérieuse s'est répandue dans le nord de la Russie. Les gens tombaient en transe et avaient des vertiges comme s'ils étaient sous hypnose. À la fin de la crise, le patient n'avait pratiquement aucun souvenir de ses actions

« La conscience devient confuse, des hallucinations effrayantes apparaissent : la patiente voit un diable, une personne effrayante ou quelque chose de semblable : elle se met à crier, à chanter, à se frapper rythmiquement la tête contre le mur ou à la secouer d’un côté à l’autre, à s’arracher les cheveux ».

C’est ainsi, au début du XXe siècle, que le médecin soviétique Sergueï Mitskevitch a décrit une attaque typique d’une maladie non étudiée et très étrange, qu’une femme iakoute avait contractée. La maladie a été surnommée « mériatchénié », du verbe dialectal « miriatchit » (être possédé, dans un état de folie). La maladie a commencé à être observée à la fin du XIXe siècle, uniquement dans les territoires du Grand Nord russe – elle n’a jamais frappé les habitants du centre ou du sud du pays. Par contre, dans l’Arctique, les gens semblaient sombrer dans la folie, sans crier gare. Parfois de manière isolée, parfois en groupe.

Symptômes

Toutes les victimes présentaient des symptômes similaires : l’individu se déconnecte soudainement et complètement du monde extérieur, entre presque en transe. La crise est accompagnée de crampes, de spasmes. L’ethnographe Waclaw Sieroszewski a observé l’intense souffrance physique et mentale de ces personnes. Il a décrit : « Le patient hurle, crie, se lamente, raconte des histoires à dormir debout, tout en étant brisé, contracté,  jeté d’un coin à l’autre,  jusqu’à ce que, épuisé, il s’endorme ».

Lors d’une crise, le malade répète impulsivement les paroles et les actions des personnes l’entourant et exécute facilement les ordres qu’elles lui donnent, même s’il s’agit d’actions insensées ou dangereuses. « Si quelqu’un saute ou se frappe devant la personne malade, celle-ci fera de même ; elle peut jeter un objet fragile auquel elle tient ou même un enfant dans ses bras si quelqu’un lance un objet quelconque devant elle », ont constaté les chercheurs du phénomène. Cependant, si l’on essaie de retenir la personne possédée, elle se déchaîne généralement et fait preuve d’une force inhabituelle. Il existe de nombreux récits de tels patients, même adolescents, n’ayant pu être maîtrisés par plusieurs hommes.

Néanmoins, alors que les crises individuelles pouvaient être attribuées à une folie passagère, à un trouble mental ou à une plaisanterie, une attaque chez 70 personnes à la fois, par exemple, suscitait de sérieuses inquiétudes. En 1870, un tel cas s’est produit dans un détachement de cosaques de l’unité de la Basse Kolyma au cours d’un exercice. La compagnie a soudainement commencé à répéter les mots du commandant après lui, comme si elle l’imitait. Le supérieur militaire s’est mis en colère et a perdu son sang-froid, mais à sa grande surprise, il a entendu en écho les menaces qu’il venait de proférer, répétées par les soldats. Au même moment, ils ont tous jeté leurs fusils au sol…

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