Réparer le climat de l’Arctique, est-ce possible et une bonne idée ?
L’Arctique, c’est une région du monde qui peut facilement nous sembler lointaine. Étrangère même. Le royaume du froid et de la glace. Pourtant, les scientifiques sont unanimes à ce sujet, « ce qui se passe en Arctique ne reste pas en Arctique ». La région joue un rôle majeur dans la régulation du climat à l’échelle mondiale.
Et c’est aujourd’hui inquiétant, car les chercheurs le savent, l’Arctique est particulièrement sensible au réchauffement anthropique en cours. Il se réchauffe trois fois plus vite que le reste du monde. Résultat, la glace fond de plus en plus vite et le réchauffement s’accélère encore un peu plus. Un cercle vicieux dirions-nous. Une rétroaction climatique positive – un phénomène par lequel un effet du changement climatique agit sur ses causes pour l’amplifier, quitte à conduire à un emballement – disent les scientifiques.
De là à l’idée d’envisager littéralement d’inverser la tendance, il n’y a qu’un pas. Il y a quelques mois, nous avions évoqué la question avec Slimane Bekki, chercheur au CNRS. Celle plus exactement de l’injection de soufre dans la stratosphère avec pour objectif de réussir à rafraîchir notre Planète. « C’est ce que font les volcans quand ils entrent en éruption et les températures moyennes mondiales baissent. Nous savons donc que ça fonctionne », nous racontait-il alors. Le mécanisme : lorsque le soufre est oxydé dans la stratosphère, il produit des aérosols qui s’y installent assez durablement, jouant le rôle d’autant de miroirs réfléchissant une partie du rayonnement solaire vers l’espace.
En quelques phrases tout est dit également sur les risques de telles opérations. Elles ont des effets au niveau mondial. Et potentiellement sur la durée. Les effets collatéraux pourraient même s’avérer plus importants que ceux du réchauffement climatique. Selon Slimane Bekki, « l’augmentation des aérosols stratosphériques pourrait détruire la couche d’ozone. Mais c’est surtout l’impact sur le cycle de l’eau qui doit nous inquiéter ». Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) le confirme. Il y a fort à parier que les effets de ces techniques que les scientifiques appellent de gestion du rayonnement solaire – ou Solar radiation modification (SRM) pour les Anglophones – puissent avoir d’importantes conséquences au niveau régional et à l’échelle des saisons. D’autant que la compréhension que les chercheurs ont des réponses de notre climat aux techniques SRM reste, elle encore, limitée…
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