Recherches Arctiques

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ISSN : 2755-3755

REPORTAGE : En Sibérie, Sourinda veut devenir le « village modèle » de l’Arctique

Publié le 23.11.2021 - Article de Paul Gogo du 17/11/2021 sur Ouest-France
Intégré à la zone arctique l’an dernier, le village de Sourinda, en Sibérie veut s’ouvrir au monde pour faire découvrir sa culture aux touristes… L’appui financier du Kremlin s’avère aussi une aubaine pour ce peuple Evenk jusqu’ici privé de tout

Le seul hélicoptère de la semaine vient à peine d’atterrir à Sourinda que la maire est déjà sous les pales, prête à ouvrir la porte. Tatiana Savatieva sait accueillir les étrangers, si rares à atteindre ce village de 450 habitants isolé du monde. S’il devait y avoir un point central en Russie, ce serait ici, en pleine taïga, à mi-chemin entre Moscou et l’Alaska, les eaux arctiques et la Mongolie. « Nous nous sentons plus proches de l’Arctique, nous sommes des gens du Nord », ​lance l’édile alors que les moteurs de l’hélicoptère se font moins bruyants. C’est d’ailleurs ce qui a poussé le Kremlin à ajouter Sourinda à la liste des cités du Grand Nord, en 2020.

Le cercle polaire est pourtant situé à 300 km plus au nord, « mais nous avons une vie semblable à celle des villages de l’Arctique, nous sommes isolés, les températures peuvent descendre jusqu’à – 40 °C l’hiver », ​précise la maire. Avec ce statut viennent les roubles, qui se multiplient depuis que la localité a été choisie par Moscou pour devenir le futur village modèle du Grand Nord russe. En toile de fond, le réchauffement climatique et la volonté du Kremlin de repeupler l’Arctique.

Un quotidien rude

La quasi-totalité des administrés appartiennent à la communauté autochtone des Evenks. Ce peuple nomade a été sédentarisé de force par l’ex-URSS, certains ont repris le nomadisme, les autres vivent, dans ce village de maisons en bois, de l’élevage industriel de près de 2 000 rennes.

Un internat y accueille aussi les enfants de nomades, une école enseigne la langue evenk et le dressage des rennes aux écoliers. « L’objectif de ce projet est de rapprocher ce village du reste du pays, en y développant la culture et l’économie. Une grande partie de la population vit des rennes, de leur peau et de leur viande », ​explique Ivan Ivanov, responsable de la culture dans le district. À terme, Sourinda devrait devenir un « village ethnique » ​dans lequel les touristes découvriront la culture evenk, les shamans, la cuisine, la musique, la langue et la nature.

Depuis le lancement du projet, le bourg a déjà connu quelques évolutions : « J’ai reçu mon premier numéro de téléphone », ​s’amuse la maire, qui vient de voir arriver une antenne 4G par hélicoptère. La réception d’Internet par satellite coûtait jusqu’alors une fortune. Une clinique a été construite, des maisons rénovées, et un hôtel, une école ainsi qu’un bureau de poste devraient bientôt apparaître…

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